Rafik Souidi écrit – L’idéal pour la réussite de la transition démocratique en Tunisie serait d’avoir, à moyen terme, une saine concurrence entre des démocrates musulmans et des sociaux-démocrates.
Les urnes ont rendu leur verdict et le paysage politique tunisien est apparu dans sa vérité. Les résultats donnent une avance considérable en voix et en sièges au parti islamiste Ennahdha qui arrive loin devant ses poursuivants. L’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, officiellement dissous) s'est révélé une coquille vide et les formations qui ont chassé sur ses terres sont rentrées bredouilles.
Ennahdha, l’Akp et la Cdu
Pour que la démocratie tunisienne prospère, il est vital de ne plus replonger dans le système du parti unique et cette victoire écrasante peut comporter des risques à cet égard.
Il est à noter cependant que le mouvement de Ennahdha s’inspire des exemples de l’Akp turc et de la Cdu (ou parti démocrate chrétien allemand), qui sont des partis politiques enracinés dans des valeurs issues des livres célestes et engagés dans l’action politique civile dans le but de gouverner.
Aussi, dans le cadre du régime parlementaire envisagé, à l’instar de l’Allemagne également, il serait judicieux qu’à court et moyen termes, un vaste rassemblement se forme autour des valeurs de la social-démocratie pour qu’il y ait une véritable concurrence et qu’il y ait match...
En quelque sorte, on aurait notre Cdu avec Ennahdha et notre Spd (parti social démocrate) avec la fusion du Congrès pour la république (Cpr), du Forum démocratique pour les libertés et le travail (Fdtl) et du Parti progressiste démocratique (Pdp) et quelques autres formations de la gauche et du centre-gauche.
Démocrates musulmans versus sociaux-démocrates
L’alternance démocratique pourrait alors être envisageable un jour et la Tunisie éliminerait ainsi le risque de l’hégémonie d’un seul parti.
En conclusion, l’idéal démocratique en Tunisie serait à moyen terme d’avoir une saine concurrence entre des démocrates musulmans et des sociaux-démocrates, et les connaisseurs tunisiens en grosses cylindrées savent que le modèle allemand c’est du solide...
Encore faut-il que les partis socio-démocrates, qui se disent aussi modernistes, acceptent de travailler ensemble et laissent de côté leurs ambitions de leadership et leurs égos sur-dimentionnés.