Slim Gharbi écrit - Plusieurs épouvantails ont été agités depuis le 14-Janvier : milices, guerre civile, coup d’Etat militaire, islamisme… Et voilà qu’on nous ressort le piège de 1987 !


Force est de constater que la spirale de la peur est toujours présente dans l’inconscient collectif de bon nombre de nos concitoyens. Le parallèle avec les changements du 7-Novembre en est une grande preuve.

Comment peut-on faire une telle comparaison alors que ces deux changements n’ont pas grand chose en commun ?

1987 : un homme seul aux commandes

En 1987, Ben Ali prend des risques et gagne son pari de s’accaparer le pouvoir en destituant le vieux Bourguiba. De même, ce que l’on nous a montré de l’époque était un semblant de démocratie puisqu’un seul homme était aux commandes de la relance démocratique, qui plus est, à la tête du parti unique encore au pouvoir.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Ghannouchi et les Nahdhaouistes n’ont absolument rien fait de ce genre. Mieux encore, ils ont fait profil bas pendant la révolution. Le peuple, toutes classes confondues, est allé renverser le régime despotique, puis, transformer le paysage politique ; en témoignent les Kasbah successives. Suivirent les élections dont personne ne peut contester ni la transparence ni la justesse.

J’aimerais rappeler également que les élections de 89 furent maquillées et que les islamistes furent jetés en prison quelque temps après.

2011 : un peuple jaloux de sa liberté

On peut donc aisément dire que le peuple tunisien a offert aujourd’hui le pouvoir à Ennahdha et ses alliés sur un plateau d’argent. Ce parti n’a nullement l’intention de s’accaparer définitivement le pouvoir et ne peut nullement le faire même s’il commence à en apprécier le goût.

Une révolte civile d’un peuple à l’affut de sa souveraineté ne peut qu’aboutir à une démocratie. Cette union citoyenne, dont le but ultime était de faire chuter la dictature, démontre que la démocratie est la seule issue politique pour les prochaines décennies.

Je ne comprends donc pas ces références à 87 et je pense qu’on doit, au lieu d’attiser encore la peur, prendre conscience de nos responsabilités et œuvrer pour la reconstruction.

Plusieurs phobies se sont succédées depuis le 14-Janvier : milices, guerre civile, coup d’Etat militaire, islamisme et voilà qu’on nous ressort 87.

Une récente étude a montré qu’un Tunisien sur deux souffre d’anxiété ou de dépression. Le meilleur moyen d’endiguer ce mal, c’est de positiver, réfléchir à l’avenir et penser que l’on peut investir dans autre chose que la peur.