Rachid Merdassi écrit – Et si le parti Ennahdha et Al-Aridha, appartenant à la même mouvance islamiste, se mettaient d’accord pour gouverner ensemble ?


Entre le Parti Ennahdha et Al-Aridha Al Chaabia, les affinités vont au-delà de l’idéologie et des promesses de campagne. Ces deux partis sont en réalité les deux faces d’une même pièce et la déclaration du porte-parole d’Al-Aridha Achaabia, Ibrahim Gassass, sur les ondes de Radio Express FM, ne prête à aucune équivoque : Al-Aridha est disposée à coopérer avec tous les autres partis et se tient prête à aider Ennahdha si besoin est. Malgré des désaccords sur certains points, Hachmi Hamdi reste «le fils d’Ennahdha», a-t-il expliqué.

Une majorité acquise

Sans revenir sur les pratiques électorales peu orthodoxes et contestables qui réussissent trop souvent aux partis populistes de par le monde, ces deux formations qui ont rencontré des succès électoraux surprenants voire spectaculaires sur le terreau d’un mécontentement et de désillusions populaires, disposent désormais d’une majorité nette au sein de la Constituante avec 115 sièges soit 53% du total des sièges les habilitant à gouverner seuls et à mettre en œuvre leur programme et promesses de campagne, que leurs électeurs attendent impatiemment de voir mis en œuvre sans plus tarder.

Les tractations en cours pour le partage du gâteau, alors que la priorité des priorités se trouve ailleurs, ne sont que les signes avant-coureurs d’une lutte qui ne dit pas son nom et où se confondent plus volontiers les égos et les intérêts individuels avec une conception biaisée de l’intérêt supérieur.

Fausser le verdict des urnes sous couvert de la pirouette de l’intérêt national, par le recours à des alliances contre-nature qui cachent mal des desseins inavoués et des calculs du court terme plutôt que d’œuvrer pour l’assise des fondements d’une démocratie saine, viable et équilibrée, risquerait de brouiller davantage le paysage pour des années à venir en favorisant un statut quo qui permettrait à Ennahdha et à Al-Aridha de tirer leur épingle du jeu avec le minimum de dégâts en cas de sanction ou d’échec et priverait le pays de l’émergence d’une opposition forte au sein de la Constituante et de l’instauration d’une vrai tradition d’alternance.

Un redéploiement de l’électorat

Or, pour le salut d’une démocratie saine et pérenne dans notre pays, il fallait permettre à ces deux formations d’avoir les coudées franches pour s’adonner à l’exercice du pouvoir et mettre en application leurs promesses électorales pour que leurs électeurs puissent les juger sur les résultats.

S’ils réussissent, ils prouveraient que leurs détracteurs ont eu tort de les stigmatiser et ils consolideraient ainsi leur crédibilité et assise populaires non seulement en Tunisie mais en dehors de nos frontières aussi et s’ils échouent, ils permettraient au paysage politique national de se rééquilibrer par un redéploiement de l’électorat acquis à leurs thèses sur de nouvelles bases plus rationnelles qu’émotionnelles et la Tunisie n’en sortirait que plus confiante et plus grandie.