Rafik Souidi écrit – Et si tous ceux qui ont bénéficié des largesses financières de l’Atce rendaient au peuple tunisien les sommes qu’ils lui ont ainsi «volées». Pour se racheter…


La Commission chargée de faire l’Etat des lieux de la corruption en Tunisie a rendu son rapport et il y figure des affaires liées à l’Agence tunisienne de la communication extérieure (Atce).

Cette officine était en charge officiellement de promouvoir l’image de la Tunisie mais c’était en fait l’outil de propagande du régime et de la dictature.

La plupart des média autorisés devaient montrer patte blanche et souvent dépendaient financièrement des subsides publicitaires qu’elle dispensait dans la mesure où elle supervisait l’ensemble des dépenses marketing du secteur public tunisien.

Retourner l’argent au trésor tunisien

Ainsi des sommes importantes ont été distribuées au cours de ces dernières années et il conviendrait de les cerner avec précision, ce que n’a pas fait la Commission. Ces fonds appartiennent au peuple tunisien et comme pour le cas de la dette odieuse on peut affirmer que c’est de l’argent sale qui a circulé.

Aussi, et afin d’imaginer un traitement honorable de ce dossier qui concerne des médias et des personnalités tunisiennes et étrangères, je propose que les sommes qui ont été encaissées soient tout simplement retournées au trésor tunisien. Les complices médiatiques de la dictature feraient ainsi amende honorable et ils prouveraient soit leur bonne foi soit leur repentance.

Pour sortir par le haut de ce sinistre épisode, il serait envisageable de consacrer les montants récupérés à la formation d’une nouvelle génération de professionnels des médias et en particulier au journalisme d’investigation qui fait cruellement défaut dans le pays, et ce à travers la création d’un institut spécialisé en communication qui pourrait voir le jour à Sidi Bouzid ou Kasserine en hommage au rôle de ces deux villes dans le déclenchement de la révolution tunisienne.

Ainsi, par exemple, le propriétaire de la chaine Mustaqilla basée à Londres, qui a été épinglé par le rapport de ladite commission sur la corruption, devrait rembourser les 300.000 dollars qu’il a touchés pour officiellement promouvoir le tourisme au Royaume-Uni alors que sa chaine n’est pas regardée par les touristes britanniques potentiels : la crédibilité a un prix !

Les excuses ne suffisent pas

D’autres grands groupes nationaux et internationaux ont également picoré dans le râtelier de la dictature et certains ont même présenté des excuses au peuple tunisien mais il conviendrait de joindre le geste à la parole et de restituer les sommes indument perçues : ce serait plus honorable pour tourner cette sombre page avec élégance et repartir sur un bon pied.

Il en va de même des innombrables «amis de la Tunisie» qui ont profité des largesses de la dictature mafieuse, souvent en séjournant aux frais de la princesse dans notre pays et en détournant les yeux des abus dont ils avaient connaissance. Leur amour pour la Tunisie est, pour la plupart, sincère et il suffirait qu’un groupe vertueux d’entre eux remboursent cet argent sale pour qu’il y ait un effet boule de neige.

Cette approche du traitement des dossiers de l’Atce permettrait alors à bon nombre de consciences de se racheter et il n’est jamais trop tard pour le faire.