Monsieur Hédi Jilani a parlé. Mais Hédi Jilani aurait mieux fait de se taire ; Hédi Jilani devrait se faire oublier par la Tunisie car le mot «Samahni» ("Pardonnez-moi") ne peut faire oublier tout le mal que cet individu a fait, à l'insu de son plein gré, à la Tunisie.
Par Jilani Jeddi*
Ce personnage, inébranlable patron de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) pendant 23 ans, député et membre du sinistre Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti au pouvoir dissous) pendant plus de 20 ans, ose, aujourd’hui, parler d’un concept qui lui est totalement étranger. Quel rapport, donc, a ce monsieur avec la démocratie ?
Intrusion incongrue dans le débat politique
Monsieur Jilani ose discourir sur la démocratie, lui qui, écharpe mauve au cou, a supplié Ben Ali de se représenter pour un sixième mandat. Lui, l’éternel élu au cours d’innombrables élections truquées, lui que la révolution a privé du droit de se porter candidat aux dernières élections, ose aujourd’hui critiquer le courant qui, à très juste titre, a fait part de son inquiétude à la suite des déclarations de Hamadi Jebali sur le califat. Et le voilà qui donne des leçons de démocratie à ceux qui ont passé leur vie à lutter pour la démocratie et à lutter contre les ennemis de la démocratie c'est-à-dire les Abdelaziz Ben Dhia, Abdelwaheb Abdallah, Abdallah Kallel et leur chef le caporal Ben Ali, qui, n’eut été un mariage avec la fille du colonel, n’aurait jamais atteint le grade d’officier supérieur.
Monsieur Hédi Jilani, thuriféraire du régime dictatorial, que dis-je plutôt porte-coton de Ben Ali, ne peut-il pas comprendre que son intrusion dans le champ du débat politique est incongrue ? Quelle leçon ce monsieur, qui a baigné dans la culture de la dictature et du népotisme, peut-il donner aux citoyens de ce pays, lui qui n’a jamais compris ce que le mot citoyen veut dire ?
Un délai de décence
Ce monsieur devrait avoir la décence de se taire, de se faire oublier. Au moins pendant un certain temps que l’on pourrait appeler un délai de décence. Qu’il prenne exemple sur ses comparses : les Sadok Chaâbane et autres Abdelaziz Ben Dhia, Abdelwahab Abdallah, Hédi M’henni, Moncer Rouissi, Zouheir M’dhaffar et consorts.
En un mot, Monsieur Jilani : lorsque vous vous regardez dans le miroir en vous rasant chaque matin, ne pensez-vous pas à tous ceux qui ont subi la torture, ceux qui ont subi la prison, ceux qui ont subi l’exil… pas à cause du seul Zaba, mais de votre fait ?
Du fait de M. Tekkari, du fait de ces juges d’instruction qui ont obéi aux ordres, du fait de ces magistrats qui refusaient d’ordonner l’examen médical des inculpés qui défilaient devant eux, démolis par la torture. Vous êtes autant responsable de tout cela autant que ces centaines d’avocats de la sinistre «khalia» (cellule) des avocats Rcédistes dont les chefs ont fait le tour du monde des conférences et autres colloques relatifs aux droits de l’homme, aux frais du contribuable tunisien, pour faire accroire que la Tunisie était le paradis des droits de l’homme.
Alors de grâce M. Jilani, taisez-vous pendant quelque temps. Vos propos sont indécents. C’est même obscène, de votre part, de donner des leçons sur les élections, la liberté ou la démocratie.
* Avocat.