Dr Salem Benammar écrit - Aujourd’hui, 25 novembre, c’est la journée internationale de la violence faite aux femmes, alors qu’on devrait plutôt commémorer les victimes de la barbarie machiste.


Malgré l’arsenal juridique répressif en France, une femme meurt toutes les 60 heures sous les coups de son compagnon. Ailleurs, c’est certainement pire encore. De telles statistiques, aussi morbides, ne devraient pas avoir cours de nos jours. Mais, il y a des pays où de telles statistiques n’existent pas. Ou quand une femme meurt sous les coups de son concubin (j’emploie ce terme à escient), c’est juste considéré comme un châtiment et qu’elle a donc eu ce qu’elle mérite parce que la loi de la jungle, en l’occurrence la charia, l’autorise. Comme elle légitime les brimades, le harcèlement sexuel, la violence corporelle, la lapidation, l’humiliation, bref le harcèlement moral.

 

Les victimes devenues coupables  

Quand la violence est habillée dans le linceul noir du sacré, elle ne peut être qualifiée comme telle dans les pays qui appliquent la loi canon de la charia. Une femme acculée au suicide à cause de ses conditions de vie avilissantes et attentatoires à la dignité humaine, peut-on qualifier cela de meurtre au premier degré ? Quand une femme est privée de ses droits humains les plus élémentaires au nom du sacré n’est ce pas aussi de la violence morale qui finit par devenir de la violence physique ayant entraîné la mort de quelqu’un qui n’a plus d’autre alternative possible que la mort ou la prison à vie ?

En définitive, dans un Etat de droit, la condition féminine n’est pas hélas reluisante, alors quid de la condition féminine dans les sociétés de non-droit et de théocratie religieuse ?

Dans les sociétés humaines, une femme a les moyens de recours juridique pour agir et se faire accompagner dans ses démarches, dans les sociétés déshumanisées et obscurantistes, vivant sous le poids écrasant de la religion et dominées par le sacré, les femmes n’ont ni de protection juridique ni la possibilité de circuler librement, et en aurait-elle la possibilité, elles ne pourraient agir sous peine de violer le sacré et de commettre une apostasie. Conséquence pour la victime, elle devient coupable et le bourreau est blanchi comme le rapporte Touria Tiouli dans son livre ‘‘Brisée : Enlevée et violée par trois Emiriens’’ (éditions Michel Lafon, Paris, 2004)... alors qu’elle porte plainte, elle se retrouve inculpée de... «relations sexuelles hors mariage !»

Dans les Etats théocratiques, le violent n’est jamais l’auteur de l’acte, qui jouit d’une véritable impunité juridique, c’est toujours la femme qui, du statut de victime, comme c’est le cas dans les Etats de droit, devient coupable.

Pour une protection transnationale

Il est grand temps que les Nations Unies œuvrent pour une loi universelle contre toutes les formes de violence faite aux femmes, opposables à tous les Etats membres sans exclusion. Qu’on en finisse avec l’exception des Etats islamiques dès qu’il s’agit de les faire adhérer aux chartes universelles qui touchent les droits fondamentaux des hommes et des femmes ainsi que des enfants.