Dr Salem Sahli écrit – Pourquoi les intellectuels arabes sont-ils impuissants à expliquer à l’opinion mondiale la cause juste du peuple palestinien ?
Les débats télévisés traitant du conflit israélo-palestinien ont souvent provoqué chez moi un sentiment de frustration. Je suis frustré de voir l’innocent châtié et le bourreau transformé en victime. Frustré que l’on travestisse la réalité, mais surtout frustré devant l’indigence et la minceur de l’argumentation censée soutenir les Palestiniens et leur juste cause.
Nous sommes décidément loin de l’époque où, sur les écrans de télévision, Hamadi Essid disséquait magistralement le slogan fallacieux d’un Etat d’Israël démocratique, cerné d’ennemis et acculé à la légitime défense par d’incessantes agressions terroristes.
Une démarche simple pour convaincre
Aujourd’hui, que sont nos intellectuels devenus ? Pourquoi cette impuissance pour restituer la réalité et dire les choses simplement telles qu’elles sont ?
Bien sûr, il est très confortable de soutenir que c’est la faute aux autres, aux lobbies sionistes et leurs acolytes les médias…Je pense que raisonner ainsi revient à accuser le thermomètre de la température du patient.
Pourtant, il ne me paraît pas difficile de démontrer à l’opinion publique occidentale la justesse de la cause palestinienne et le caractère criminel de la politique israélienne. Pour ce faire, notre discours devrait sortir des palabres et adopter une démarche simple pour convaincre.
1- Les Palestiniens ont-ils moralement le droit de résister à l’occupation par l’armée israélienne de leur territoire par la violence ? Voici une question simple à laquelle la réponse ne peut être que oui. Dans ce cas, quelle violence ont-ils le droit d’utiliser ? Celle qui leur est accessible ou bien une violence hypothétique hors de leur portée, et que les occupants et leurs amis désignent comme étant peut-être licite et choisissent pour eux ? Si la communauté internationale réprouve la violence des Palestiniens, pourquoi n’envoie-t-elle pas des forces d’interposition comme le réclament d’ailleurs les Palestiniens depuis des années ? Pour l’instant, ce qu’elle leur propose comme moyen de résistance, c’est le loup libre dans la bergerie. Le loup a le droit de tuer. Les brebis ont seulement le droit de bêler. Mais l’occupation israélienne a fini par transformer les Palestiniens en monstres. Les brebis sont devenues enragées. Désormais, elles mordent et tuent. Et si nous voulons que cela cesse, ce n’est pas aux Palestiniens qu’il faut donner des leçons, mais aux criminels qui les assassinent chaque jour, et aux lâches qui regardent sans broncher.
«Guerre» israélienne et «terrorisme» palestinien
2- Bien entendu, si les Palestiniens ont le droit moral d’utiliser la violence contre l’occupant, ils n’en ont pas nécessairement l’obligation. Il y a peut-être d’autres méthodes plus douces et moins sanglantes pour résister. Mais cela est leur problème, et nul n’a le droit de s’ériger en stratège à leur place ou se poser en donneur de leçons.
Si les Palestiniens avaient une armée régulière, des chars et des F16, on aurait dit qu’ils font «la guerre» et non du «terrorisme». Et s’ils avaient bombardé une pizzeria, on aurait parlé de «dommages collatéraux» et non «d’attentats».
Il est temps pour nous de dénoncer cette imposture avec des mots simples et un discours clair.
Les intellectuels arabes gagneraient à méditer la leçon de Durban en 2001. Lors de la conférence des Nations-Unies sur le racisme, l’opinion publique mondiale largement représentée ne s’y est pas trompée. Elle n’a jamais dénoncé un quelconque «terrorisme palestinien» malgré les pressions des puissances coloniales de tous bords.