Mohamed Maknine écrit – La baquette, qui coûte 190 millimes, est toujours vendue, faute de petite monnaie, à 200 millimes. Alors, que la baguette passe à 200 millimes et qu’on n’en parle plus…


J’adresse cet appel aux autorités du ministère du Commerce pour que le prix de la baguette de pain (fabriquée avec de la farine subventionnée) passe de 190 millimes officiellement aux 200 millimes qui sont actuellement pratiqués sans vergogne par tous les commerçants (sauf rares exceptions), de l'épicier du coin aux grandes boulangeries.

Où sont passées les petites pièces ?

Ce changement serait bénéfique pour mettre fin à l’hypocrisie car, d’une part, il semblerait qu’il n’y ait plus de pièces de 5, de 10 et de 20 millimes en circulation dans notre beau pays. En effet, même quand on achète deux baguettes, la monnaie n’est presque plus jamais rendue. Alors que, bizarrement, elle l’est lorsque l’on donne 250 millimes pour payer un pain de 230 millimes.

D’autre part, il permettrait à la Caisse de compensation de récupérer ces 10 millimes par baguette et soulager, un tant soit peu, son déficit, au lieu d’engraisser des commerçants malhonnêtes, car il n’y a malheureusement pas de mots pour décrire ce comportement de la part de professionnels qui fabriquent du pain vendu à des prix élevés avec de la farine subventionnée.

Enfin, il permettrait de couper l’herbe sous le pied de ces commerçants qui prétendent que la différence est pour le sac en plastique, alors que celui qui prend sa baguette sous son bras ne voit pas la monnaie pour autant.

J’écris ce commentaire alors que je suis une personne qui, grâce à Dieu, peut se permettre de ne pas compter la monnaie rendue, voire de rester passive devant ces dépassements.

Jusque là, les commerçants faisaient semblant de ne pas avoir la monnaie ; je répondais que ce n’était pas grave. Puis, progressivement, ils ont arrêté de s’excuser et j’ai fait semblant de ne pas m’en apercevoir. Mais hier soir, dans une grande boulangerie du quartier dit Jawhara de Sousse, ayant pignon sur rue (et qui se reconnaîtra), j’ai demandé le prix de la baguette et on m’a répondu, en me regardant droit dans les yeux, «c’est 200 millimes». Mais ceci arrive aussi bien à Hammamet qu’à Tunis ou ailleurs.

Le problème de la monnaie se pose aussi ailleurs, comme dans cette chaîne d’hypermarchés et de supermarchés de proximité où les caissières ponctionnent par omission un client de sa petite monnaie pour combler le trou occasionné à leur caisse par la monnaie qu’elles ont dû rendre à un autre. Bel exemple de mutualisation des dettes, mais ce n’est pas comme ça que cela devrait fonctionner. C’est pourquoi je paie systématiquement (et au millime près) par carte bancaire.

Malheureusement, les cartes bancaires ou les chèques ne sont pas acceptés pour régler l’achat d’un pain.

L’exception devenue une norme

Le vrai problème se pose le jour où l’on se rend compte que ce genre de comportement devient, sans jeu de mots, monnaie courante. Ce qui devrait être l’exception devient la norme et celui qui demande ce qui est normalement son dû commence progressivement à l’abandonner par politesse ou par peur de passer pour un grippe-sou.

J’ai, jusqu’ici, été passif et j’ai décidé de ne plus l’être devant ce comportement de gens qui transgressent la loi en pratiquant le prix qu’ils veulent sur de la marchandise à prix non seulement fixé par décret mais de plus subventionné par l’Etat. Mais mes efforts et ceux de gens qui pourraient faire comme moi sont insuffisants. La loi se doit d’être respectée et cela par la force publique s’il le faut. Ceci est donc un appel aux agents contrôleurs du ministère du Commerce pour qu’ils fassent pression sur ces commerçants, multiplient les contrôles, les PV et les sanctions contre les contrevenants.

Ou alors, que la baguette passe à 200 millimes et qu’on n’en parle plus…