Dorra Harrar écrit – Restons vigilants, surveillons les travaux de la constituante, mais évitons de soulever ou de nous laisser entraîner dans de faux problèmes.


Les manifestants du Bardo ont raison de riposter au projet de loi organisant les pouvoirs publics provisoires proposé par Ennahdha et ses deux alliés, le Congrès pour la république (Cpr) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol). Et pour cause : ce projet concentre tous les pouvoirs entre les mains du Premier ministre. Il prépare donc une dictature, puisque l’heureux candidat au poste n’est autre que l’honorable Hamadi Jebali, le secrétaire général du parti islamiste tunisien, modéré, certes, comme le qualifient ses adeptes, mais hégémoniste, d’après le projet qu’il a présenté.

Tout pouvoir a tendance à devenir dictatorial et c’est le rôle de la société civile de le contrer pour l’en empêcher. Les Tunisiens ont trop souffert des dictatures depuis l’indépendance pour en accepter une autre, après la révolution du 14 janvier 2011.

Aujourd’hui, il semble que les difficultés et les désaccords qui ont marqué les travaux de la commission d’organisation provisoire des pouvoirs publics relevant de l’Assemblée nationale constituante ont pris fin. Espérons que le vote du projet à l’Assemblé plénière débouchera sur un consensus satisfaisant pour l’avenir du pays.

Reste à souligner que le problème du niqab, qui vient de se greffer sur le débat politique relatif à la montée d’un parti islamiste au pouvoir en Tunisie, est un faux problème. On ne peut pas savoir qui provoque ce genre de débats, mais il ne peut pas s’agir de forces qui veulent du bien à ce pays. Car ce genre de débats ne peut qu’amplifier les clivages entre les Tunisiens et nuire à l’image du pays.

La Tunisie aura en 2011 un taux de croissance économique avoisinant 0%. Le chômage s’amplifie et les prix flambent. Restons vigilants, surveillons les travaux de la Constituante, mais évitons de soulever ou de nous laisser entraîner dans de faux problèmes. Allons travailler pour éviter le pire au pays. Les experts nous disent qu’à un taux de - 3% de croissance, le retour à la dictature est garanti.