Tarak Arfaoui écrit – Une partie de poker menteur semble se jouer actuellement dans l’Assemblée constituante entre les différents élus, partis et coalitions.


Les membres de la Constituante essayent d’abattre leurs cartes dans une partie serrée où les manigances, les diversions et même les trahisons sont de mise pour une partie loin d’être gagnée par les grands protagonistes.

Déclarations hypocrites et langue de bois

La «Troïka», faite de la coalition des 3 partis majoritaires, idéologiquement aux antipodes les uns des autres, essaye tant bien que mal de faire durer ce mariage contre nature et d’afficher une solidarité de façade pour faire avancer le coche. Leurs divergences sont parfois criardes mais tout de suite étouffées pour cause de «maslaha watania» (intérêt national) dont ni l’hypocrisie de leurs déclarations politiques ni la langue de bois savamment entretenue par leurs ténors n’arrivent à effacer les ambitions et les égos de leurs chefs respectifs.

Les partis eux-mêmes commencent à être touchés par un processus de «lézardement» très inquiétant.

Le meilleur exemple vient d’Ettakattol qui nous a habitués à une unité sans faille et qui se trouve actuellement divisé par des dissensions apparues au grand jour lors des débats à l’Assemblée où une partie de ses élus s’est rebiffée ouvertement contre son propre clan et contre ses alliés.

Le Cpr n’est pas mieux loti et semble tanguer entre les prises de positions parfois diamétralement opposées de ses dirigeants concernant l’attitude à prendre vis-à-vis de l’Ugtt ou de l’opposition. Pire encore : ce parti a délégué un lampiste de la première heure en la personne de M. Hmila qui, à force de déclarations à l’emporte pièce et à la limite scandaleuses, ne fait que discréditer (sciemment ?) son parti.

La roublardise d’Ennahdha

Ce poker menteur a atteint son paroxysme quand le chef du Cpr, Moncef  Marzouki, en abattant la carte du referendum, s’est trouvé ouvertement discrédité par le vote de son propre camp !

Enfin, deux partis n’ayant pas de brelan dans leurs mains semblent encore tenir quelques cartes dans ce jeu à la portée imprévisible. Ennahdha, dont la roublardise de ses dirigeants lui a toujours permis de se tirer d'affaire dans un savant mélange d’égoïsme et d’opportunisme politique et l’opposition (Pdm, Pdp, Afek) dont la pugnacité et la perspicacité des dirigeants commencent déjà à donner leurs fruits dans l’opinion publique qui lui accorde de plus en plus un préjugé favorable.