Leith Lakhoua écrit – La scission provoquée par Marzouki et Ben Jaafar dans la famille des démocrates rappelle celle suscité dans la famille nationaliste, dans les années 1920, par Hassen Guellati et Chedli Kastalli.


Le duo Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar m'en rappelle étrangement un autre, de l’époque du mouvement nationaliste de 1920, formé par Hassen Guellati et Chedli Kastalli.

Quelles sont les similitudes entre les deux duos ?

Flash-back. Lors de la constitution du parti Destour par Abdelaziz Thaâlbi en 1920, Hassen Guellati, l’un de ses membres, n’était pas d'accord sur certaines revendications nationalistes tunisiennes. En réalité, il ne voulait pas affronter lessss autorités colonialistes et il était de ce fait sévèrement critiqué par ses camarades du parti qui l’avaient traité de traitre.

Guellati avait bénéficié du soutien de quelques uns de ses camarades du parti dont Sadok Zmerli, Rachid Haydar et le journaliste Chedli Kastalli (candidat aux élections municipales de la ville de Tunis en 1953 ayant été cautionné par les autorités coloniales, celui-ci sera abattu ultérieurement), qui s’étaient joints à lui pour fonder un nouveau groupement en avril 1921, le Parti Réformiste. Le journal ‘‘El Borhane’’ rebaptisé ‘‘Ennahdha’’ sera le porte-parole de ce parti : le premier numéro paraissait en septembre 1921. A sa direction Chedli Kastalli.

Ce fut la première scission au sein du Destour qui fit le bonheur des autorités coloniales. L’occupant considérait cette scission comme une victoire. Cependant, il sera vite détrompé par les membres du Destour qui mettront en échec les membres de ce nouveau parti. N’ayant eu que peu d’échos auprès des militants, le Parti Réformiste finit par sombrer dans l'oubli…

Chedly Kastalli et Hassen Guellati, soutenus par le colon français et à travers leur organe de presse ‘‘Ennahdha’’, ont essayé vainement de créer une scission au sein de la mouvance nationaliste tunisienne représentée par le parti Destour, qui constituait le seul rempart au colonialisme.

Actuellement, la même scission a été provoquée au sein de la famille des démocrates progressistes par Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar afin de séparer les démocrates tunisiens.

Le parti Ennahdha considère cette scission comme une victoire des conservateurs sur les démocrates. Cependant, et je l’espère, ils seront vite détrompés par cette grande famille des démocrates. Celle-ci mettra en échec une coalition anti-démocrate qui sombrera dans les oubliettes de l’histoire de cette nouvelle Tunisie libre.