Ridha Bourkhis écrit – Hamadi Jebali va-t-il nommer Rafik Abdessalem, le gendre de Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, aux Affaires étrangères ? Ne serait-ce pas là un cas typique de népotisme ?


Dans sa livraison de mardi 6 décembre, le quotidien francophone ‘‘La Presse de Tunisie’’ a publié un article, tout aussi intéressant qu’inquiétant, intitulé «Non au népotisme et au clientélisme». Son auteur, M’hamed Gaieb, qui s’indigne contre l’esprit rétrograde ayant présidé au népotisme et au clientélisme ayant sordidement marqué l’ère de notre dernier dictateur (sera-t-il vraiment le dernier ?), y fait allusion à l’éventualité de plus en plus confirmée par Facebook et certains journaux de nommer très prochainement au ministère tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem, le beau-fils du président du parti Ennahdha Rached Ghannouchi !!!...

Epoux de Soumaya Ghannouchi et employé d’Al-Jazira

Dans son numéro du même jour, le journal de langue arabe ‘‘El-Magreb’’ annonce aussi la même chose : l’époux de Soumaya, fille de Rached Ghannouchi, et qui est en effet Rafik Abdessalem, est le candidat d’Ennahdha au prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères. Ce quotidien nous apprend aussi que ce monsieur vit actuellement avec sa femme au Qatar où il occupe le poste de vice-président du Centre des études de la chaîne  Al-Jazira.

L’hebdomadaire tunisien ‘‘Orabia’’ du dimanche 4 décembre nous donne à lire toute une interview avec notre très éventuel ministre des Affaires étrangères qui sait être rassurant par rapport à la France et aux francophiles tunisiens, en confirmant que «le français demeurera la deuxième langue de Tunisie» (Attendons pour voir !).

La chaîne Hannibal a invité l’autre soir, à l’une de ses émissions, ce même Rafik Abdessalem qu’on a présenté alors comme «analyste politique» ! Que d'analystes politiques et que de chercheurs et de génies tout aussi compétents que les frères ou les beaux-frères des décideurs ou peut-être plus compétents encore !

Retour de la politique des clans ?

Revenons à M’hamed Gaieb : l’auteur de l’article publié dans ‘‘La Presse de Tunisie’’ et cité plus haut, il écrit avec juste raison que si cette nomination de ce beau-fils de Rached Ghannouchi «s’avérait vraie, nous serions alors devant un cas grave de népotisme et de clientélisme, qui consiste à mettre dans des postes de haute responsabilité des personnes choisies uniquement sur les critères de loyauté et de fidélité à une personne ou à un parti, indépendamment de leurs qualifications ou de leur capacité à remplir le fauteuil dans lequel on les fait asseoir. C’est la politique des clans (…) Cet esprit a prévalu durant la première république, avec les conséquences qu’on connaît» !

Voilà maintenant une question en guise de conclusion : pourquoi les jeunes, les chômeurs et les pauvres de Tunisie ont-ils fait la révolution du 17 décembre ou du 14 janvier 2011 ? Est-ce pour déblayer le terrain à la dictature d’un nouveau clan ? Ennahdha va-t-il copier, sans scrupules, l’ancien système de Ben Ali ?