Dr Lilia Bouguira écrit – De beaux candidats en costards-cravates étincelants posent en donneurs de leçon drapés dans d’affreuses toges et de fausses modesties.
Le «révolution blues» ! J’ai comme le «révolution blues». Je démêle devant l’actualité mes incompréhensions. Une marée remonte insolente avec beaucoup de déceptions. Certains s’appliquent à dévorer le monde, d’autres à le regarder.
Les geôles de l’esprit reprennent de l’élan. Les jeux de cirque reviennent audacieusement. La bêtise dégrafe son ceinturon, la répression également. Les arènes sont ouvertes, les pugilats reprennent indécents. Crêpages de chignons, faux bonds et guerres mesquines. De beaux candidats en costards-cravates étincelants posent en donneurs de leçon drapés dans d’affreuses toges et de fausses modesties. De faux sourires ou implants nous vendent mal leurs idées.
Plus d’arabesques ni de grandes symphonies. Dignité en sautoir, démocratie en captivité. De petits sentiments sur de petits adjectifs sans lyrisme ni grande surprise. Un désert depuis quelques temps.
De longs discours avec d’effroyables sommets. Une pente abrupte sur des pas hésitants. Des terreurs diurnes sur des chutes houleuses. De petits sentiments sur de petits adjectifs sans lyrisme ni grande surprise.
Ne plus être le jouet de personne. Ne plus être une doublure de soi même. Ne plus se consumer vainement. Ne plus se vendre lâchement.
Pouvoir se regarder autrement. Marcher dans sa vie sans honte ni ombrage. Pouvoir parler de déblaiement et de reconstruction. Ne plus penser à la possible contre-révolution. Buter contre les infinis de mes prisons. Reprendre la rue, hurler ma peur et mon non-renoncement. Car il n’y a de pire solitude que celle de rester figé en un terrible tête-à-tête avec soi même, spectateur de sa propre destinée.