Djamaleddine Benchenouf* écrit – Le régime algérien sait que les prochaines échéances électorales seront déterminantes pour sa survie. Il sait qu’une abstention massive lui serait fatale.


Il ne peut plus se permettre une défection comme celle de 2007. Ces élections législatives, massivement boudées par le peuple algérien, le nombre de votants n’ayant pas excédé 30%, dont 10% de bulletins nuls, malgré de nombreux cas de fraude, ont été un record mondial en la matière, puisque ce parlement est devenu le moins représentatif du monde entier.

 

La course aux privilèges

Mais cela n’a aucunement gêné le régime, puisque ce parlement est passé malgré le mépris du peuple algérien. Un parlement qui, toute honte bue, a légiféré sur des sujets cruciaux. Légiférer est trop dire en réalité. Avaliser les oukazes des maîtres serait plus indiqué pour décrire le rôle infâme de ces députés de la honte, arrivistes bornés, dont une majorité a acheté sa charge en bon argent, où en allégeance inconditionnelle. Ce qui revient au même, puisque la principale occupation de ces «représentants du peuple» est de courir après des privilèges en tout genre, des carottes, et des nonoss. Des nonoss surtout, et des coups de tatanne dans les gencives, par des maîtres qui aiment bien faire gémir le chien. Chiennes et chiens, toutes mouvances confondues, qu’elles soient Fln, Rnd, Msp, PT et autres pique-assiettes.

Ces résultats n’ont donc pas gêné le moins du monde ce régime, ou plutôt, pour être plus précis, cette association de malfaiteurs, au sens pénal, et mafieux du terme. Petits dégourdis, et petites kafzates, qui savent si bien traiter de harkis quiconque ose jeter un œil, un seul, sur leurs chienneries.

Toutes leurs fraudes, leurs tricheries, leurs mensonges, n'ont jamais altéré leurs états d'âme. Parce que les seuls qu’ils éprouvent sont très passagers, et se situent en-dessous de la ceinture. Juste là, et jamais ailleurs. De la même manière qu’ils n’ont pas été gênés par les résultats des législatives de 1997, qui ont permis au Rnd de rafler la majorité au parlement, à une écrasante majorité.

Des larrons d’une même foire

De l’avis de tous les observateurs, y compris de nombreux barons du régime, ces élections, organisées et orchestrées par Ahmed Ouyahia, ont été un pic de la fraude en Algérie, depuis l’indépendance du pays, où cette pratique est pourtant érigée en règle systématique de désignation des «représentants» de la foule. C’est dire !

La différence avec 1997 et 2007, est qu’une dynamique des peuples a jeté bas des despotes que l’on pensait indéboulonnables. Des despotes et leurs régimes, copains comme cochons avec les barons du régime algérien, des voisins et des associés, des coquins de chambrée, des comparses, des compagnons d’alcôve, de beuveries, des larrons d’une même foire. Non seulement ils ont été dégommés, mais même trucidés, du moins pour l’un d’entre eux, qui a été lynché en direct.

Le régime algérien a vite juré ses grands dieux que l’Algérie n’était ni la Tunsie, ni la Libye, ni l’Egypte, ni, ni...

Puis, comme il sentait que la mayo montait, que le péril se rapprochait, il a mis le paquet pour saquer l’économie tunisienne, en empêchant les touristes algériens, l’une des ressources de ce pays frère, de s’y rendre. Il a fait répandre des informations extrêmement alarmantes, que des touristes algériens y étaient systématiquement rackettés, et même que de nouvelles mariées y avaient été enlevées, séquestrées, et violées à tour de bras. Informations largement relayées par une certaine presse.

Le soutien jusqu’au bout à Kadhafi

Puis, cette association de malfaiteurs entreprit, à grands renforts d’argent, de mercenaires, de propagande en tout genre, et même en embrigadant un clan du Polisario, d’empêcher le peuple libyen de faire tomber le régime Kadhafi. Et c’est uniquement grâce à l’appui du régime algérien que Kadhafi a mis si longtemps pour être écarté.

Les milliers de victimes inutiles, et toutes ces souffrances que le peuple libyen a endurées, devront être inscrites à l’actif du régime algérien, principalement. C’est lui qui a contrecarré la volonté du peuple libyen. Les Français, les Britanniques et les Américains le savent très bien. Et ce n’est qu’au moment, pour des raisons qu’il faudra élucider, où ils ont sifflé la fin de la partie que le régime algérien a cessé de soutenir Kadhafi. Une semaine plus tard il était mort.

Mais ce régime n’a pas agi seulement par esprit de solidarité avec un compère. Non, il a tout fait pour faire capoter les révolutions des peuples, allant jusqu’à jouer, et faire jouer ses relais «intellectuels», ses preux révolutionnaires révulsés par l’intervention de l’impérialisme, de l’Otan, et autres slogans du même genre. Il a mobilisé des centaines de plumitifs, de «oulémas», de «gauchisants», de vierges effarouchées, de mercenaires de la compassion, et autres tartempions, pour infester le web, et inverser le verset. Et ainsi, nous avons pu découvrir, sous des signatures parfois honorables, avant qu’elles ne s’emballent dans cette ridicule équipée, que Kadhafi était un héros, un altermondialiste, uniquement préoccupé par le bonheur de son peuple, qu’Al-Jazira était un agent du Mossad, qu’Al-Qaradhaoui était gâteux, que les révolutionnaires libyens étaient des rats et des traîtres.

Les prochaines législatives procèdent exactement de la même approche. Ce régime les a classées sur le même niveau de dangerosité pour sa survie que les révolutions des peuples arabes, berbères, et arabo-berbères de la région. Lui sait ce que beaucoup de nos compatriotes ne savent pas encore : si ces élections sont boudées par le peuple algérien, il ne pourra plus tenir. Et il sera enterré avant même de mourir.

Un «applaventrisme» pathétique

Ce n’est pas pour rien que ce régime, qui se la joue ombrageux, et jaloux de son indépendance, a fait allégeance, et acte de soumission totale à la France, un «applaventrisme» pathétique, qui circule sur Youtube, où le minitre algérien des Affaires étrangères supplie pour qu’on lui reconnaisse son statut perdu de citoyen français.

Ce ministre ne pouvait pas ainsi s’étaler à plat-ventre s’il n’avait pas reçu des consignes claires. Pas en ce sujet aussi sensible. Parce que ce régime sait que cet Etat dispose sur lui d’informations qui peuvent le faire exploser dans l’immédiat, si elles sont révélées, où si des fuites sont organisées.

Il a consenti des contrats secrets d’acquisition d’armements, d’équipements militaires, à plusieurs pays européens, dont le montant est totalement hallucinant. Encore plus hallucinant, et qui montre que ce régime est aux abois, et qu’il cherche à se concilier l’amitié de toutes les puissances occidentales, en essayant maladroitement de les mettre en concurrence, est cette déclaration de Bouteflika qui dit vouloir faire adhérer l’Algérie au... Commonwealth.

Mais cette fuite en avant, de tout faire pour éviter de finir comme Kadhafi, est aussi traitée sur le plan intérieur.

Le régime a débloqué des dizaines de milliards de dollars pour anesthésier tout le peuple algérien, en accordant des microcrédits, et des tas de facilités en tout genre, dans des conditions absolument irresponsables. Tout cela dans le seul but de gagner du temps, de laisser le temps aux révolutions de la région de s’essouffler, voire de capoter, quitte à y mettre ce qu’il faut en bâtons dans les roues.

Pour le régime algérien, pour Bouteflika finissant, pour sa fratrie, sa parentèle, sa clientèle, qui lui tiennent le crachoir téléphonique, et bien sûr pour le bien des nouveaux maîtres de l’Algérie, où les généraux sont devenus des seconds couteaux, et même pas d’ailleurs, c’est une question de vie ou de mort. Si le peuple algérien ne vote pas, ils sont morts ! Morts, je vous l’affirme ! Si nous réussissons à déclencher le processus de révolution tranquille que nous espérons, ces vampires s’en iront par les égouts de l'histoire. Aussi vite que si on tirait la chasse d’eau.

Mais si les Algériens se rendent massivement aux urnes, et surtout s’ils votent pour les copains goîtreux, c’est à dire pour le Rnd, le Fln, le Mdp et le PT, et d’autres compères d’en dessous la table, alors ils sont repartis pour quelques années, le temps qu’il leur faut pour se mettre définitivement à l’abri du besoin, et leur progéniture avec eux.

Je crois que j’en ai suffisamment dit pour que les choses soient claires. Nous votons, nous sommes repartis vers un plus grand merdier. Nous ne votons pas, nous faisons une révolution soft qui changera notre destin. A vous de voir mes chers compatriotes. A vous de voir !

* Journaliste algérien basé en France.