Rafik Souidi écrit – Les plaies de la Tunisie sont innombrables, mais on pourrait en sélectionner les 7 principales qui ont handicapé la marche des Tunisiens vers le progrès.


1- La corruption : elle a atteint dans notre pays lors des dernières décennies une dimension mafieuse au sommet de l’Etat et elle a contaminé quasiment toutes les corporations à l’exception notable de l’armée : juges, avocats, fonctionnaires, banquiers, industriels, enseignants, médecins, syndicalistes, journalistes, artistes, hommes de cultures.

2 - Le régionalisme : pour un pays de la taille de la Tunisie, il est malheureux de constater que des clivages régionaux voire des antagonismes ont été tolérés quand ils n’ont pas été encouragés par les autorités depuis l’indépendance.

3 - Le népotisme : c’est le favoritisme éhonté pratiqué systématiquement par des responsables qui placent leurs proches et leur concèdent des avantages au nom de la solidarité familiale que ce soit dans le secteur public ou privé. Ce qui grève les règles élémentaires de la concurrence loyale et constitue un grave manquement moral.

4 - L’opportunisme : les intérêts personnels régissent malheureusement les relations sociales, ainsi que la recherche du gain facile et rapide ou d’un avantage bon à prendre. L’éthique du capitalisme – qui n’est pas aussi sauvage qu’on le dit puisqu’il est encadré par des règles – n’est pas entrée dans nos moeurs !

5 - L’assistanat : l’expérience socialisante des années 1960 a laissé des traces profondes ainsi que la propagande populiste des ex-partis au pouvoir (Psd-Rcd) qui consistait à faire de l’Etat centralisateur le pourvoyeur de toutes les grâces. Ne demandez plus ce que la Tunisie peut faire pour vous mais demandez vous plutôt ce que vous pouvez faire pour la Tunisie, devrions-nous dire aujourd’hui pour utiliser une célèbre phrase de Kenndy s’adressant aux Américains...

6 - Le conformisme : il est issu du traditionalisme ancré dans les mentalités, véhiculé par le provincialisme des bourgeoisies locales et tunisoises et qui se traduit par un manque d’audace intellectuelle et une étroitesse des ambitions. Les inventifs et les audacieux sont d’ailleurs souvent très mal récompensés en Tunisie, s’ils ne sont pas ouvertement combattus. Aucune tête ne doit dépasser…

7 – L’aliénation : la primauté sans discernement de ce qui vient de l’extérieur et la dévalorisation de ce qui vient de chez soi : le salut passe toujours par l’étranger, par l’Occident ou par l’Orient. Il n’est jamais en nous-mêmes. Une analyse du débat lors de la dernière campagne électorale montrera la profondeur du clivage qui oppose – pour faire simple – les chantres de la tradition, de l’identité arabo-musulmane et du Machreq aux adeptes de la modernité, de la laïcité et de l’Occident.