Munt écrit – Bouazizi, un jeune désespéré, vaut à la Tunisie la couverture du ‘‘Times’’. Mais pas un exploit dans le domaine des sciences ou des arts accompli par un de ses citoyens !
Mohammed Bouazizi a droit à l’hommage national qui lui a été rendu par son pays. Sa consécration de personnalité de l’année 2011 par le ‘‘Times’’ m'a pourtant laissé des sentiments mitigés et un goût amer dans la bouche.
C’est un geste de désespoir et d'impuissance devant la machine impitoyable de la dictature barbare qui a broyé tant de Tunisiens qui l’a rendu tristement célèbre. L’hommage que vient de lui rendre le ‘‘Times’’ de Londres n’est pas minime car ce fleuron de la presse britannique est un monument dans l’histoire du journalisme mondial et de la presse internationale.
Le ‘‘Times’’, c’est de la classe, une légende, un synonyme de qualité. Si la Tunisie y figure par le truchement de Bouazizi, ce n’est pas dû à un exploit dans le domaine des sciences ou des arts accompli par un de ses citoyens. La Tunisie a attiré l’attention du monde par le malheur qui a poussé un de ses jeunes dans la fleur de l’âge à s’immoler sur la place publique pour mourir d’une mort atroce. Quel triste symbole du destin tragique de la jeunesse tunisienne.
Comme si ce n’était pas suffisant, je viens de lire le récent classement des universités africaines pour l’année 2011. Dans ce classement ne figurent que 100 universités. Le reste n'est pas pris en compte. En tête parmi les 10 premières figurent 7 universités sud-africaines, puis viennent 3 égyptiennes. Le Maroc rafle une 22e et 25e place. Une université algérienne arrive en 38e place. Puis, en cherchant bien, je lis les noms de la Libye, la Mauritanie, la Somalie... pas des places de choix mais elles figurent.
Vous avez certainement deviné. Je suis à la recherche d’une université tunisienne. Eh bien dans le classement des 100 universités d’Afrique, aucune université tunisienne ne figure. Mais dans le ‘‘Times’’ de Londres le tristement célèbre destin tragique de Mohammed Bouazizi rappelle au monde la réalité tunisienne sous la dictature.