Eric Marès écrit – «Y a-t-il deux Islam en Tunisie ?» et «Pourquoi pas une démocratie à la Tunisienne ?» : deux questions qui semblent s’interpénétrer et qui sont sans doute de la plus haute importance.


Ces questions, je me les posais, à priori, avant même d’avoir écouté des Tunisiens, et j’espérerais avoir une réponse en février, l’occasion d’une pose, que je m’apprête à faire à Tunis avec un groupe d’amis.

L’approfondissement de ces spécificités

Que l’Islam soit un, cela peut se concevoir et il ne m’appartient pas de le contester ; cependant chaque personne humaine la perçoit avec des nuances qui lui sont propres ; nous constatons cela dans toutes les religions avec des regroupements de pensées qui influent sur les comportements humains. Il est intéressant de mettre le doigt là-dessus pour mieux comprendre la marche de notre humanité ; ainsi les «réformés» n’ont pas les mêmes comportements que les «papistes»...

De l’approfondissement de ces spécificités il peut découler une démocratie qui aura des fondamentaux nuancés par rapport à une autre, d’une autre région aux assises culturelles différentes. Ainsi, si la démocratie est une délégation du peuple pour son autorité à une ou plusieurs personnes regroupées en assemblée, les receveurs de cette autorité ne seraient investis d’un pouvoir que pour assumer cette autorité ; le pouvoir est second alors que l’autorité (qui a pour finalité première de faire grandir le subalterne) reste première.

Religion, démocratie et harmonise des cultures

Le point fondamental à toutes démocraties reste, mais la manière de mettre en œuvre doit s’harmoniser avec les cultures et les civilisations. Ce vaste sujet demande beaucoup d’attention et n’est pas du ressort de la spontanéité populaire et l’Assemblée constituante prend tout son sens. Chacun des membres devant faire l’effort de se cultiver pour que le «Bien Commun» en soit grandi.

A Tunis vous avez une chaire «pour le dialogue des civilisations et des religions» qui pourrait aider à réfléchir sur les assises d’une démocratie adaptée aux Tunisiens et pourquoi pas aussi, dans le cadre de cette même chaire, s’appuyer sur le texte de St Thomas d’Aquin qui s’est beaucoup penché sur «LE» politique.

J’oserais aussi recommander les textes de la Doctrine Sociale de L'Eglise qui peuvent aider à saisir des fondamentaux car un peuple peut aussi se situer dans un contexte plus vaste que ses propres frontières géographiques, d’autant que la Tunisie est appelée à rayonner comme par le passé (ce n’est pas peu dire).

En écrivant ceci, je vis la souffrance de ce que les Français font de leur démocratie, ce n’est plus qu’une course au pouvoir. Nous commençons à en payer les conséquences.