Lucien Belvaux écrit – A propos des procédures de nominations à la tête des médias publics afin d’assurer leur indépendance éditoriale et leur crédibilité au regard de l’opinion publique.


Je ne désire pas donner des leçons de bonne gouvernance ; j’aime la Tunisie ; j’ai des anciens élèves tunisiens et j’aimerais éventuellement y vivre pour autant qu’elle devienne une vraie démocratie.

Voilà la situation chez nous, en Belgique : nous avons une radio-télévision officielle francophone et une autre néerlandophone (elles sont placées sous l’autorité des communautés et des régions.) Elles sont dirigées par un Conseil d’administration. Tous les partis y sont représentés proportionnellement au nombre d’élus.

En principe, le responsable du Conseil d’administration est forcément de la couleur du parti le plus représentatif : en Wallonie c’est un socialiste, en Flandre, je suppose que c’est un chrétien démocrate.

La désignation et la nomination des journalistes se fait habituellement de la même façon, mais on veille à ce que chaque sensibilité politique soit représentée.

En ce qui concerne ce personnel, c’est plus compliqué, car il y a des agents, à temps complet, d’autres à temps partiel, des agents nommés, des contractuels, des indépendants engagés pour tel type d’émission particulière...

En résumé, c’est plus difficile à expliquer. Je n’ai jamais connu de conflit dans ce domaine. C’est une corporation qui s’entend bien et qui se respecte, quelle que soit la couleur des journalistes.

De toute façon, ces derniers sont tenus par le devoir de réserve et ne peuvent nullement, dans le cadre de leurs fonctions, influencer le spectateur ou l’auditeur. La qualité, le prestige, l’ancienneté et la spécialité de l’agent jouent également en cas de promotion.

Je serais bien incapable de mettre une étiquette politique sous le nom des intéressés et des intéressées. Lorsqu’ils (elles) quittent ou qu’ils (elles) prennent un congé politique, pour siéger à la Chambre ou au Sénat, c’est à ce moment précis qu’on apprend, avec étonnement parfois, qu’ils (elles) appartiennent à telle ou telle tendance. De nombreux partis cherchent à engager certains journalistes dans leurs rangs, compte tenu de leur popularité.

En résumé, cela se passe très démocratiquement et très amicalement sans provoquer de vagues. Ça se passe donc au niveau du Conseil d’administration, représentatif de tous les partis de la majorité du moment. Des agents nommés peuvent, bien sûr, appartenir à des partis de la minorité provisoire.