Ben Hamida Ezzeddine* éctit – Quel sera l’avenir de cette centaine de partis qui n’ont gagné que quelques milliers de voix aux élections d’octobre ?
La question a le mérite d’être posée car nous dénombrons aujourd’hui sur notre territoire plus de cent partis politiques ! Sommes-nous donc en présence d’organisations qui veulent effectivement accéder au pouvoir ou plutôt d’organisations qui veulent exercer une influence sur le pouvoir ?
Le pouvoir et/ou le pouvoir d’influence
La distinction entre conquête du pouvoir et influence sur le pouvoir fonde donc l’opposition entre partis politiques et groupes de pression. Contrairement aux premiers, ces derniers ne prétendent en effet pas prendre le pouvoir, mais seulement faire pression sur lui.
Désormais, dans notre société démocratique, le pouvoir ne se conquiert que par l’élection. Les forces (les partis) politiques en présence sont donc des organisations qui présentent des candidats aux principales élections politiques (législatives, municipales, présidentielles). C’est par ce moyen qu’elles (les organisations) postulent à l’exercice du pouvoir.
Les partis se définissent donc par leurs caractères en tant qu’organisation et non pas par leur poids politique effectif. En clair, toute organisation politique est considérée comme un parti même si ses chances réelles pour y parvenir tendent vers l’infiniment petit.
Si on se réfère au simple critère de présentation de candidats aux élections, nous pouvons dire dans ce cas de figure qu’en Tunisie, nous sommes en effet en présence de partis politiques ! Toutefois, il convient, tout de suite, de relativiser cette affirmation académique.
La présentation de candidats aux élections est un critère aussi relatif. Les campagnes électorales constituent un moment exceptionnel de sacralisation des mécanismes de la démocratie mais aussi une occasion inaccoutumée pour toutes les forces sociales de manifester leur existence et de publier leurs revendications.
Les groupes de pression, évidemment, ne manquent pas d’exploiter cette situation. Elles vont jusqu’à présenter leurs propres candidats, non pour qu’ils soient élus, mais pour qu’ils profitent de cette opportunité, et plus particulièrement des moyens de propagande mis à la disposition des candidats pour diffuser leurs idées. On voit, ainsi clairement, qu’une telle tactique porterait atteinte à la clarté de la distinction entre parti politique et groupe de pression.
Partis, organisations et lobbies
Dans cette optique, on peut s’interroger donc sur la finalité de très nombreuses organisations, telles que : Parti libéral maghrébin (6.621 voix), Mouvement patriotique démocrate (3.599 voix), l’Union patriotique libre (4.456 voix), Fidélité aux Martyrs (2.540 voix), la Fidélité (5.070 voix)… Bref, la liste est longue, trop longue, près d’une centaine d’organisations. Celles-ci sont-elles des «partis» au service de leurs leaders, pour décrocher au mieux un poste d’élu, ou des «groupes de pression» au service d’autres lobbies, voire même des lobbies étrangers, pour avancer des idées et influencer ainsi le pouvoir ?
Il est encore trop tôt pour répondre d’une manière catégorique à cette problématique ; ce qui est en revanche sûr, l’année 2013 sera déterminante pour toutes ces petites formations ! A priori, deux hypothèses s’offrent à elles.
Hypothèse 1 : Œuvrer pour s’unir et créer ainsi un grand parti. Cette piste est peu probable car ils sont excessivement nombreux et complètement hétéroclites à la fois sur le fond (organisation/structure) et sur la forme (orientation/idéologie).
Hypothèse 2 : Essoufflement de ces mouvements après l’euphorie de la révolution et de la campagne électorale qui se traduirait par leur effritement total, à l’exception de quelques mouvements, tels que le Pôle démocratique moderniste (Pdm), Afek tounes, L’Initiative. Cette seconde hypothèse est la plus probable.
* Professeur de sciences économiques et sociales.