Miriam Rejeb écrit – Lettre ouverte à Monsieur Moncef Marzouki, le président intérimaire de Tunisie, pour lui dire qu’il est possible de gagner la confiance du peuple.
J’avoue que j’étais votre admiratrice depuis plusieurs années à cause de votre courageuse position vis-à-vis du régime de Ben Ali, de vos actions comme président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh). Mais, ça reste là. Pourquoi?
Etant la femme du peuple «d’en bas», loin d’élite politique, je raisonne d’une façon très simple et droite.
Monsieur Marzouki, vous êtes revenu en Tunisie le 18 janvier 2011. A l’aéroport, au lieu de demander des nouvelles des personnes mortes et blessées pendant la révolution, vous avez annoncé votre désir le plus cher, mais seulement pour vous, de devenir le président de la république tunisienne! Alors quel culot et manque de sagesse! En plus, jusqu’à ce jour, des rumeurs courent, que pour obtenir ce poste prestigieux, vous avez divorcé en 2011 de votre femme française comme la Constitution l’exige (et pas en 2001).
(Entre parenthèses, je pense qu’on doit peut-être réviser la Constitution dans ce point. Imaginons Habib Bourguiba : il a divorcé avec sa femme Mathilde pour la même raison. Par suite, il a épousé notre chère compatriote Wassila et chacun sait la suite. Si Bourguiba a pu rester avec Mathilde-Moufida, la femme toute simple qui a aimé comme tout la Tunisie, l’histoire de notre pays aurait pu être différente. Ben Ali a épousé Leila, pourtant une Tunisienne et voilà les résultats désastreux pour notre pays. Je pense que, très souvent, une femme étrangère peut être plus patriote qu’une Tunisienne).
Dis-nous alors, pour assouvir votre désir très personnel, vous avez rejeté votre femme bien aimée, qui vous a soutenue pendant quelques dizaines d’années; elle est restée à vos côtés malgré des moments extrêmement difficiles, quand vous étiez poussé à quitter la Tunisie. Votre femme n’a pas pensé une seconde à vous délaisser, car elle vous a épousé pour le meilleur et aussi pour le pire.
Si tout ce qu’on dit à ce sujet est vrai, vous vous êtes comporté comme un mâle égoïste, en rejetant votre femme et en prenant quelque distance vis-à-vis de vos deux filles, qui souffrent énormément de cette solution peu glorieuse. Puisque des rumeurs courent, et si elles ne sont pas fondées, alors rectifiez-les en publiant votre acte de divorce, SVP.
En plus, vous n’allez pas laisser raconter que vous avez épousé telle jeune femme, coiffeuse ou esthéticienne de son état ! Monsieur le président, le peuple veut connaitre la vérité et c’est son droit. Si vous n’avez rien à cacher, donnez-nous donc les vraies explications et rapidement, pour que l’on soit rassuré.
Vous voulez être aimé par le peuple et que le peuple vous donne sa confiance, alors il faut lui donner exemple par vous-même. La situation est très difficile et vous la compliquez encore par vos ambiguïtés. N’oubliez pas que vous promis la transparence et que cette promesse vous oblige.
Le 13 décembre 2011, vous avez pris les fonctions de président, dans le cadre des arrangements du pouvoir provisoire, et 10 jours après, vous avez affirmé avoir besoin de plus d’une année à la tête de la présidence. Pourquoi cette précipitation? Où est votre sagesse ? Est-ce le salaire exorbitant qui vous motive? Et comment voulez-vous qu’on vous respecte? Tout le temps vous montrez votre orgueil et malgré le beau burnous à 400 dinars sur vos épaules et votre col de chemise sans cravate (visible signe de filiation «nahdaouie»), cet orgueil, parfois cassant, ne fera pas de vous une personne adorée par le peuple.
A propos de votre salaire: dis-nous combien vous touchez finalement? N’oubliez pas que vous êtes logé, nourri, blanchi, au chaud en hiver, au frais en été, transporté, soigné, habillé, etc., par de simples citoyens. Alors, n’acceptez qu’une somme symbolique, vu les conditions difficiles de la Tunisie.
Une autre question: pourquoi vous n’habitez pas au Palais de Carthage? C’est du gaspillage! Le peuple paye, et c’est normal, pour l’entretien de ce Palais, et maintenant il doit payer également toutes les charges pour entretenir votre villa!
Monsieur le président, arrêtez vite ce gaspillage et installez-vous au Palais de Carthage. Cela nous coûtera beaucoup moins cher! Quand on cherche à faire des économies, on commence par soi-même!
N’essayez pas de jeter un pont entre la France et la Tunisie. La France a laissé tomber notre pays; elle s’occupe de ses intérêts seulement. On doit couper, peu-à-peu, le cordon qui nous lie à la France. Rached Ghannouchi a raison en appelant à cela. La Tunisie doit chercher de vrais partenaires et amis ailleurs.
Vous savez bien que la situation en Tunisie est critique. Le nombre de chômeurs augmente chaque jour, déjà leur nombre dépasse les 800.000. La moitié du territoire de la Tunisie délaissée, oubliée. Les gens qui y vivent sont très pauvres, sans espoir. Ils veulent vivre dignement, avoir de travail. En plus, l’hiver cette année est insupportable. Il faut trouver une solution urgente et concrète. A mon avis il faut mettre en place une allocation de chômage de 200 dinars par mois pour chaque personne et la payer pendant des années, jusqu’à la création des emplois pour tous.
Où doit-on chercher de l’argent? D’abord dans votre poche et dans les poches des ministres, des membres de la Constituante, des gouverneurs de banques, des directeurs, des sportifs, des gens riches, des milliardaires, des millionnaires, des différents «conseilleurs», des propriétaires des hôtels, des propriétaires des villas de grand luxe, etc. La Tunisie ne doit pas emprunter de l’argent d’aucun pays, Rached Ghannouchi, ici aussi, a raison, car l’argent emprunté doit être remboursé avec un taux d’intérêt.
N’oubliez pas que Smig en Tunisie c’est 279 dinars par mois (seulement). La misère totale!!! Dis-nous alors comment pouvez- vous regarder ces pauvres gens droit dans les yeux en sachant le montant de votre salaire et de vos avantages financiers!! Regardez bien le monde: l’Europe va s’effondrer à cause d’énormes salaires des ses hommes politiques, dirigeants d’entreprises, stars des médias, etc.
Vous voulez sauver toute Afrique. Comportez-vous d’abord comme un vrai «Prophète» dans votre pays. Vivez sans luxe et dans la simplicité comme notre Prophète Mohamed. Partagez un morceau du pain avec celui qui a faim. N’oubliez jamais que «l’homme parfait est celui-là qui est plus utile aux autres».
Les Tunisiens sont des Musulmans, donc vivons tous simplement et essayons de respecter les règles de l’islam dans notre vie quotidienne. Voilà comment on doit maintenant réagir pour regagner la confiance du peuple. Sauver la Tunisie et les Tunisiens!
Bon courage et bon travail Monsieur le Président!