Akil Sadkaoui écrit – Se prendre en charge pour apporter des réponses à nos problèmes, cesser d’attendre que ça se fasse tout seul et arrêter de penser que les politiques ont réponse à toutes nos aspirations.
Il n’y a pas un jour qui passe sans lire le mot magique sur une ou plusieurs colonnes «économie». La Tunisie n’aura aucune chance de s’en sortir si elle ne résout pas ses problèmes économiques. Chômage, exclusion, zones défavorisées, pauvreté… une triste réalité d’un pays ravagé avec le consentement de ses propres enfants… les perspectives en vue sonnent avec des mots magiques censés résoudre les problèmes, investissement local et étranger, redistribution des richesses, nouvelles opportunités dans les zones frontalières... une panoplie !
Le miracle n’aura pas lieu
Les pays industrialisés, avancés, avec leur puissance, leurs prix Nobel, leurs centres de recherches, les industries de pointe, traînent un chômage endémique depuis plus de 40 ans ; les solutions se font attendre ; les crises s’enchaînent les unes après les autres ; le tunnel s’assombrit et le bout n’est pas prêt pour se révéler… Ils ont compris que ce fléau n’est plus une donnée économique mais qu’il est devenu une des variables politiques pour mieux maîtriser les peuples dans les systèmes «démocratiques».
Garder un taux de chômage relativement élevé reste un rempart contre une hausse des salaires, un manque de compétitivité… et surtout un appel d’air pour des immigrés indésirables ! Les joutes offertes par les divers prétendants politiques à n’importe quelle élection ne trompent personne. Ils se sont succédé au pouvoir… et ont fini par ancrer l’idée dans la tête de leurs concitoyens que le miracle n’aura pas lieu !
La Tunisie, depuis son indépendance, a toujours vécu avec un taux de chômage très élevé et a pu se frayer un chemin, chaotique certes, mais ça ne l’a pas empêchée d’avancer quand même ! Faut-il continuer à créer des emplois et des richesses à n’importe quel prix et en faisant n’importe quoi ? Avons-nous fait une «révolution» pour continuer à faire payer des petites mains dans le textile, le câblage ou autres domaines du nouvel esclavage sous prétexte qu’il faudrait donner à manger au peuple ? C’est ça notre conception de la dignité ?! Allons-nous finir par donner raison à Chirac qui a félicité Ben Ali pour la brillante réussite de la Tunisie dans le respect du premier droit des hommes : manger ?!
Faire la révolution dans les esprits
Depuis le renversement de Zaba et les événements censés avoir la peau de l’ancien régime, on n’a pas cessé de vouloir ramener les choses à leur état initial, le mot d’ordre est de stabiliser la situation… A force de le répéter, rien ne change, rien ne bouge ! Tout doit passer par les partis et tout est orienté vers cette fameuse Constitution, comme si sans elle rien ne pouvait fonctionner ni avancer. La confiscation des rêves, des idéaux et l’oppression des volontés est organisée. Très peu de place pour opérer ces changements tant convoités et espérés par une jeunesse qui ne voit pas encore une réponse concrète à ses besoins.
Faire bouger les lignes et ne pas accepter l’ordre établi qui a vécu depuis 55 ans. La simple organisation des institutions peut garantir le non-retour d’une dictature mais n’opérera pas forcément une transformation dans les esprits. Il y a lieu, aujourd’hui, d’agir sur plusieurs habitudes ancrées dans notre société et qui freinent le développement humain. La société a besoin de faire la révolution dans les esprits.
Nous devons quitter nos schémas mentaux qui se sont sclérosés depuis un demi-siècle. La révolution est nécessaire pour libérer les initiatives, développer le leadership, mobiliser les énergies, renforcer la cohésion de la société, améliorer la communication entre les Tunisiens, apporter plus de respect dans les relations entre les gens…
Nous devons nous prendre en charge pour apporter des réponses rapides et efficaces pour nous en sortir, cesser d’attendre que ça se fasse tout seul et mettre fin à cette nouvelle lubie que les partis politiques ont la réponse à nos aspirations.