Ennahdha finira par se rendre compte, à ses dépens, que cet ennemi invisible qu’elle s’obstine à chercher à sa gauche se trouve en réalité sur son flanc droit, à moins qu’elle mène tout le monde en bateau.

Par Rachid Merdassi*


 

La théorie du complot, vrai ou faux, que nos amis d’Ennahdha ne cessent d’invoquer depuis quelques jours et qui ne convainc que leurs adhérents et adeptes, ne doit pas tourner à la paranoïa au point de faire oublier l’essentiel et qui est l’urgence sociale et économique pour laquelle le peuple les a mandatés.

Hachmi Hamdi futur président ?

Le vrai danger pour les ambitions politiques de ce parti et par extension pour la troïka (la coalition gouvernementale constituée d’Ennahdha, Cpr et Ettakatol, Ndlr) ne viendra pas spécifiquement des démocrates mais plutôt de cet autre mouvement populiste “Al Aridha Achaabia” (Pétition populaire) et particulièrement son gourou Hachmi Hamdi, fils illégitime d’Ennahdha et qui se nourrit à longueur de journée de ses contradictions et faux pas.


Al Mustakilla, un redoutable instrument de propagande pour Hachmi Hamdi

Le dernier sondage sur la notoriété et parts d’audience de nos chaines TV a omis d’intégrer la chaine Al-Mustakilla même si elle émet à partir de Londres car elle n’a plus d’autre vocation depuis la révolution que de prendre notre pays pour cible et soumettre le petit peuple à un lavage de cerveau systématique rien que pour servir le dessein sournois de son prédicateur de patron Hachmi Hamdi, qui se voit déjà dans les habits du prochain président de la Tunisie.

A force d’y croire, il ne cesse de haranguer les foules dans des joutes populistes truffées de référentiels tantôt religieux et tantôt à caractère civil et moderne, proposant aux Tunisiens, en ratissant large, un Etat platonique et providentiel.

Dans son délire de véritable prédicateur de circonstance, M. Hamdi manie avec dextérité la politique du bâton et de la carotte aussi bien avec Ennahdha et ses partenaires, qu’il appelle à appliquer son programme de réformes s’ils ne veulent pas s’exposer à un désaveu populaire, qu’avec les partis d’opposition (laïcs) à qui il fait des appels du pied, croyant à leur rédemption pour se mettre sous son leadership. Pas moins ?

‘‘Al-Aridha’’ fait son nid

Les médias tunisiens n’ont pas été épargnés non plus à cause de l’ostracisme dont il a été l’objet depuis la percée de son mouvement ‘‘Al-Aridha’’ en tant que deuxième force politique en Tunisie.

Ceux qui croient que le phénomène Hachmi Hamdi, cet avatar de la «démocratie tunisienne» a été circonscrit font montre d’angélisme et de naïveté politique dans un pays à la croisée des chemins et chauffé à blanc par des démons qui risqueraient de faire déraper irréversiblement tout le processus en cours : ignorance, misère, chômage, impatience, polarisation idéologique, manipulation religieuse, etc., une véritable boite de pandore qui s’est ouverte et qui risquerait de se muer en tsunami ravageur.


Brahim Gassas, ténor d'Al Aridha à la Constituante

Les sermons quotidiens de Hachmi Hamdi peuvent paraitre à certains inoffensifs voire même amusants sinon risibles, mais, personnellement, ils ne me font pas rire car à son premier essai, il est parvenu au salon. A son second essai, il risque de se retrouver dans la chambre à coucher au nez et à la barbe de tout le monde.

Il est grand temps, et avant qu’il ne soit trop tard, que ce gouvernement entreprenne des démarches auprès du gouvernement britannique pour faire taire cette nuisance dénommée Al-Mustakilla sous le motif d’appel à la subversion et au renversement de régime dans un pays étranger, en soulignant notamment le passé «soudanais» du patron de la chaîne, ses probables affinités avec Oussama Ben Laden du temps où ce dernier était hébergé par le président Omar Al Bachir – un fils de Hamdi, né au Soudan, s’appelait d’ailleurs Oussama, avant que son prénom ne soit changé par un jugement d’un tribunal tunisien, simple coïncidence ? – et ses possibles financements occultes.

Ennahdha finira par se rendre compte, à ses dépens, que cet ennemi invisible qu’elle s’obstine à chercher à sa gauche se trouve en réalité sur son flanc droit, à moins qu’elle mène tout le monde en bateau.

* Indépendant.

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