Souhir Lahiani écrit Le ministère du Tourisme veut entamer une campagne de déclassement d’hôtels, qui ne méritent pas les étoiles qu’ils arborent. Le secteur, aujourd’hui en crise, supportera-t-il les conséquences de cette opération ?


 

Le nombre de touristes ayant séjourné en Tunisie, du 1er janvier au 10 mars 2012, est en hausse de 46%, soit 660.000 touristes contre 451.000 durant la même période en 2011 et 786.000 en 2010. Dans le même temps, le département de tutelle veut entamer une campagne de déclassement d’hôtels ! Des hommes d’affaires saoudiens ont même déclaré, lors d’une récente réunion du Conseil d’affaires tuniso-saoudien, que nos hôtels ressemblent plus à des prisons qu’à autre chose !

Pour «sauver» les étoiles de nos hôtels

La situation est grave, voire très grave, car le secteur touristique, l’une des composantes essentielles de l’économie tunisienne (6% du Pib), piétine et trébuche et risque de se trouver un jour à genoux !

Au vu de cette situation, est-il opportun d’opérer des contrôles draconiens pour savoir si l’hôtel mérite bien les étoiles qu’il arbore ? En temps normal, cette question aurait certainement été de trop. Cela a été toujours le rôle des responsables de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) d’inspecter inopinément les hôtels, de dresser leur rapport et de décider des mesures à prendre pour «sauver» les étoiles de nos unités.


Les hôteliers sont appelés à améliorer leurs services… en pleine crise

Aujourd’hui, il est important de veiller au grain. Mais il est beaucoup plus important d’avoir une autre attitude que celle de regarder d’en haut des gens qui ne demandent pas plus que de redémarrer leurs hôtels, soumis constamment du reste à la vigilance des tours opérateurs. Ces derniers, en parfaits connaisseurs, suivent à la loupe leurs clients qui peuvent à tout moment faire des «réclamations» qui font trembler l’hôtelier. Et pour cause : une réclamation signifie le remboursement des frais du séjour. Les hôteliers ne le savent que trop.

Ce qui les dérange le plus, ce ne sont pas ces visites inopinées des cadres de l’Ontt, mais l’allure inquisitoire de ces mêmes visites de contrôle et les menaces qu’elles laissent peser sur les étoiles chèrement acquises.

Imaginons que ces missions de contrôle décident de déclasser un hôtel en le faisant passer de 4 à 3 étoiles ? La première action, qui ne se fera pas attendre, est celle du tour opérateur qui viendra réclamer son dû, dénonçant par là le contrat qui le lie à l’hôtel sans compter le remboursement de je ne sais combien de groupes de touristes soi-disant induits en erreur par les étoiles que l’hôtel ne méritait pas de porter.


Tourisme, grand consommateur d'eau en Tunisie

Ne faut-il pas mieux se serrer les coudes ?

Bref, tout un processus auquel la Tunisie touristique n’est pas outillée pour faire face. En temps normal, cela aurait été d’un grand apport pour le secteur. Mais en période de crise, il faut se serrer les coudes. Administration et professionnels se doivent de travailler de concert et de ne plus se regarder en chiens de faïences.

A tout problème, il y a une solution qui se trouve dans la concertation, le rapprochement des points de vue vers un accord qui satisferait les deux parties. A moins que, peu convaincus de l’utilité du secteur touristique, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir lui demanderaient l’impossible et trouveraient dans ces contrôles une occasion pour ajouter une autre difficulté à celles déjà existantes ? La question demeure posée !!!