Dans une lettre ouverte aux membres de la Constituante, un groupe de citoyens constate que le gouvernement actuel protège les extrémistes religieux et appelle à son remplacement. Nous reproduisons ici le texte…


Mesdames et Messieurs les députés,

Il est aujourd’hui clair que le gouvernement auquel vous avez accordé votre confiance le 23 décembre 2011 mène le pays dans une direction qui est en totale contradiction avec l’esprit de la révolution de la liberté et de la dignité.

En effet, le gouvernement actuel de ladite Troïka protège et encourage les extrémistes religieux à semer la terreur au sein du peuple tunisien, visant à anéantir toutes les libertés et à imposer un système politique et un mode de vie étrangers à nos traditions et à notre histoire.

Plusieurs faits en attestent, nous citons à titre d’exemple :

- les accusations lancées contre le doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba, de la part du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du ministre de l’Intérieur, alors qu’aucune initiative n’a été prise ni par le premier, ni par le second, pour protéger les 8.000 étudiants qui fréquentent cette faculté, les enseignants et les cadres administratifs, sachant que ce doyen agissait en toute légalité et conformément aux décisions prises par le conseil scientifique élu de la faculté ;

- l’impunité dont bénéficient les auteurs des agressions contre les journalistes, contre les universitaires et contre les artistes (le 25 mars 2012, ces derniers ont été agressés au vu et su des forces de l’ordre et du grand public, alors que le ministère de l’Intérieur nie les agressions, protégeant et encourageant comme d’habitude les extrémistes religieux agresseurs, voir vidéo). Ajoutons à cela l’outrage au drapeau national le 7 mars 2012 (l’agresseur identifié, agissant sous les yeux des forces de l’ordre, n’a pas encore été arrêté) ;

- l’encouragement des campagnes de polarisation idéologique artificielle du peuple tunisien, notamment par l’autorisation donnée au prédicateur Wajdi Ghanim de prêcher dans plusieurs villes tunisiennes, incitant à la haine et accusant de mécréant le peuple tunisien, sans la moindre intervention de l’Etat  (voir vidéo) ;

- le laisser-aller vis-à-vis des appels aux meurtres contre les juifs (le 5 janvier 2012 en accueillant à l’aéroport international de Tunis Carthage le chef du gouvernement palestinien de Hamas, Ismaïl Haniyeh, voir vidéo, et le 25 mars 2012 à l’avenue Habib Bourguiba lors de la manifestation des salafistes, voir vidéo) et également vis-à-vis de l’appel aux meurtres contre Monsieur Béji Caïd Essebsi et les collaborateurs de Bourguiba (le 25 mars 2012 à l’Avenue Habib Bourguiba, voir vidéo).

Cette attitude du gouvernement met en péril l’intégrité physique des citoyens et leurs libertés fondamentales, crée un climat d’inquiétude mêlé d’hostilité et de violence, souille l’image d’une Tunisie ouverte et modérée, décourage les investissements locaux aussi bien qu’étrangers et nuit au tourisme.

Soucieux de préserver l’esprit de notre révolution, notre cohésion sociale, l’image internationale de notre pays ainsi que ses intérêts économiques, les signataires demandent aux membres de l’Assemblée nationale constituante :

1- de retirer la confiance à ce gouvernement et d’appeler à en constituer un nouveau, capable d’assurer une transition véritablement démocratique ;

2- d’émette des lois incriminant :

  • tout appel public à la haine, au meurtre et à la discrimination raciale ;
  • toute atteinte à une manifestation autorisée.