Twitter est désormais disponible dans 28 langues, dont quatre nouvelles versions en arabe, farsi, hébreu et ourdou.

Par Nada Akl

 


Le 6 mars dernier, le service de micro-messagerie Twitter annonçait le lancement de ses versions en arabe, farsi, hébreu et ourdou. Tout a commencé avec la campagne populaire #LetsTweetInArabic menée par une poignée d’utilisateurs qui souhaitaient voir Twitter disponible dans un plus grand nombre de langues.

Si bien des communautés restent désavantagées en matière de moyens numériques, les initiatives de traduction comme celles-ci constituent un premier pas important pour convertir le web en un espace plus démocratique, notamment pour les non anglophones.

13.000 bénévoles pour la traduction

Avec ces quatre nouvelles déclinaisons, Twitter est désormais disponible dans 28 langues. Sur leur blog, les représentants de Twitter ont déclaré que les langues s’écrivant de droite à gauche représentaient un défi technique «sans précédent» que les ingénieurs avaient surmonté. Quant à la traduction, elle a été rendue possible grâce à plus de 13.000 bénévoles qui ont contribué à traduire les options du menu de Twitter et les pages de support.

La société a expliqué que les personnes qui ont donné de leur temps et offert leurs compétences sont d’origines diverses. Parmi elles, un blogueur saoudien, des étudiants égyptiens, des adolescents libanais, des professionnels spécialisés dans les technologies de l’information d’Iran et du Pakistan ainsi qu’un enseignant israélien.

On entend beaucoup parler de la société interconnectée comme de la dernière discussion mondiale où tout le monde est convié – dans ce contexte, il est facile de négliger les détails. Aujourd'hui, 56,6% de l’information en ligne est en anglais tandis que d’autres langues sont nettement sous-représentées. A titre d’exemple, seulement 1,3% de l’information en ligne est en arabe – bien que l’arabe soit considéré comme la cinquième langue la plus parlée dans le monde si l’on tient compte du nombre de locuteurs natifs.

La communication numérique comme moyen permettant de partager l’information et de débattre des idées est désormais au centre de bien des aspects de la vie. Un exemple frappant est l’accent mis sur l’activité en ligne dans le cadre d’activités politiques controversées. C’est ainsi qu’il a été reconnu que Twitter et d’autres réseaux similaires se sont révélés être des outils de communication et d’organisation importants pour les mouvements d’opposition aux régimes autoritaires.

La démocratie sur internet devient réalité

Ces réseaux ont sans doute été importants pour mobiliser les mouvements apparus ces derniers mois dans le monde arabe. Cependant, l’accent sur de nouveaux médias a éclipsé les autres moyens de communication qu’utilisaient les gens ordinaires, à savoir les affiches, les dépliants et le simple bouche-à oreille.

Pour comprendre les limites de l’activisme en ligne dans un pays en développement, il est important d’avoir une idée plus précise de la population qui compose le paysage médiatique en ligne. Dans un pays où les inégalités sont grandes, comme en Egypte, Asef Bayat, auteur de ‘‘Life as Politics: How ordinary People Change the Middle East’’, estime que les 70.000 membres de la page Facebook du mouvement de la jeunesse du 6 avril étaient «pour la plupart des jeunes instruits», soit une minorité de la population. Il constate qu’en dépit d’une plus grande utilisation de l’internet, les cyber-campagnes restent limitées à l’élite dans le monde arabe.

Les efforts des 13.000 bénévoles visant à rendre ce média social disponible dans de nouvelles langues témoignent du désir et du besoin de voir le rêve de la démocratie sur internet devenir réalité. A mesure que les réseaux en ligne s’ouvriront à plus de personnes dans le monde, l’accès aux outils en ligne cessera peu à peu d’être l’apanage d’une classe moyenne cultivée et polyglotte.

En plus de permettre l’accès à internet à plus d’individus dans le monde, la prochaine étape dans la démocratisation de l’information devrait être l’introduction d’un contenu en ligne et d’outils produits par les gens du Sud afin que le monde connecté ne reste pas culturellement, idéologiquement et économiquement dépendant du contenu produit par les gens issus d’un très petit nombre de pays.

Le web a le potentiel pour devenir un espace où prend place une conversation multilatérale et où tout les intervenants ont le même poids. Nous y arrivons, mais il y a encore du chemin à parcourir.

L’effort est en cours. Beaucoup d’entre nous ont découvert qu’être connecté en ligne donnait de l’influence et ouvrait toutes sortes de possibilités. Cet accès donne aussi l’occasion et le devoir d’apporter sa contribution afin que d’autres puissent en bénéficier.
* Journaliste free-lance installée à Beyrouth.

Pour obtenir des renseignements sur la manière de suggérer de nouvelles langues ou de proposer ses services en tant que bénévole, visitez le centre de traduction de Twitter.

 

Source: Common Ground (CGNews).