Ils s’engagent dans la vie publique car ils savent que l’heure du progrès en Tunisie a sonné et que chaque minute qui passe avant de l’atteindre est une minute définitivement perdue de leur courte vie.

Par Kais Oukhai


Des trentenaires et des quadras de parcours différents qui gagnent plutôt bien leur vie. Ils sont les meilleurs dans leurs domaines. Ils ont en commun un bon niveau d’étude et ils sont de bons lecteurs, cultivés avec des dons artistiques pour certains, des intellectuels pour les plus brillants. Ils sont des cadres, des médecins, des universitaires, des écrivains, des journalistes, des artistes… Ils sont notre élite.

Des ressources humaines de qualité

Le phénomène marquant depuis le déclenchement de la révolution, c’est leur engagement très actif dans la  politique de leur pays. Certains cadres aux carrières pourtant brillantes à l’étranger ont abandonné le confort pour rentrer chez eux dans le but de servir leur pays.

D’autres, moins courageux, participent à l’effort de l’édification de la nouvelle Tunisie à distance par leurs idées via les moyens d’information qu’offre la modernité.

Mais les plus courageux, se sont ces femmes et ces hommes engagés sur  le terrain dans la rencontre de leurs concitoyens, surtout dans les régions, aux dépends du temps consacré à leurs familles, pour voir et analyser de près leurs problèmes, mesurer l’injustice qu’ils vivent pour mieux les défendre, et pour casser cette barrière psychologique entre les Tunisiens qui souffrent à cause de l’échec des anciennes politiques et ceux qui ont réussi et qui se sentent maintenant dans le devoir de participer à l’élaboration d’une politique plus juste.

Ils sont des gens ouverts sur le monde et ils savent que la Tunisie a tout pour réussir et rapidement, surtout qu’elle possède un trésor que beaucoup nous envient: des ressources humaines de qualité.

Une chance unique

Le contexte international est aussi très favorable et il faut exploiter la volonté des puissances occidentales de réussir la transition démocratique en Tunisie, qui veulent bénéficier de ce «printemps arabe» pour, entre autres, lutter contre l’immigration, dans ce contexte de crise économique et de la montée de la xénophobie, en fixant les futurs immigrés dans leurs pays d’origine.

La chance est unique, ils le savent et ils ne veulent pas  la rater, pour accéder enfin au cercle des pays du monde libre et développé.

Ils sont persuadés d’avoir la recette: l’engagement rapide de réformes structurelles et la mise en place de nouvelles législations pour lutter contre la bureaucratie, contre la corruption, contre le favoritisme, contre le gaspillage des ressources de l’Etat et pour l’instauration d’une transparence totale contrôlée et un strict respect des lois. Et, bien sûr, en lançant en parallèle les réformes négociées avec tous les partenaires pour garantir la liberté d’expression, trouver la subtilité de l’indépendance de la presse avec son rôle d’informer dans l’impartialité,  l’indépendance de la justice, le respect de l’individu et ses droits par l’Etat et ses appareils…

Et comme beaucoup de leurs concitoyens, ils observent avec amertume la flagrante incompétence et le manque d’ambition de nos nouveaux dirigeants, leur recours à la petite politique, et à la diversion par des faux problèmes. Et pire la poursuite de l’utilisation des méthodes de l’ancien régime: le népotisme, l’opacité, la mainmise du parti sur les administrations et les entreprises publiques, la diabolisation de l’opposition, les tentatives de contrôle des médias, etc.

L’heure du progrès a sonné

Ces adultes étaient des adolescents quand le régime «dégagé» est arrivé au pouvoir en 1987, promettant le paradis à tous ses citoyens et qui, après une petite parenthèse démocratique, a rapidement remis les verrous de la dictature, devant un  fatalisme total de leurs parents. Mais eux ils ne sont pas comme leurs parents…

Eux savent que l’heure du progrès en Tunisie a sonné et que chaque minute qui passe avant de l’atteindre est une minute définitivement perdue de leurs courtes vies.

Eux ont décidé de s’engager totalement aussi bien dans l’éducation de leurs propres enfants que dans le développement de leur pays pour que tous ses enfants aient la même chance pour réussir.

Eux sont les acteurs d’une révolution que leurs parents n’ont pas connue.

Hommage à ces admirables personnes qui forment notre élite.