Comme le roi qui est mis en échec et ne peut plus quitter sa place sans être pris, le gouvernement a peur de quitter sa place et essaye de noyer le poisson dans l’eau saumâtre des manigances politiques.
Par Tarak Arfaoui
Echec et Mat. Telle est la sentence que l’on est tenté d’adresser au gouvernement provisoire six mois après sa formation. Rien, absolument rien des objectifs de la révolution n’a commencé à être résolu; six mois de tergiversations, de discussions byzantines, de manœuvres électoralistes, de calculs machiavéliques et absolument rien de concret pour traiter les graves problèmes qu’affronte le pays.
Comme le roi qui est mis en échec et ne peut plus quitter sa place sans être pris, le gouvernement a peur de quitter sa place et essaye de noyer le poisson dans l’eau saumâtre des manigances politiques.
On mate bien les Tunisiens
L’échec est vraiment patent, et pour le dépasser le gouvernement… mate. Mater est apparemment la solution provisoire choisie par ce gouvernement provisoire pour sortir de l’impasse provisoire dans laquelle il s’est fourré.
Il fait tout pour mater les initiatives susceptibles d’entraver son action, sur le plan idéologique et politique, par la manière forte, comme on l’a vu le 9 avril, le jour où la société civile dans toutes ses composantes a été violentée, ou par les intimidations de toutes sortes via des milices organisées promptes à agresser toute action politique sur le terrain de la part de l’opposition.
Il est en train de mater l’administration en mettant au pas ses meilleurs éléments et en les remplaçant par des hommes à sa solde que ce soit au niveau des entreprises nationales ou au niveau de la haute administration.
Il essaye de mater l’intelligence des Tunisiens et en premier lieu entraver l’action indépendante des journalistes qui ont l’outrecuidance de lui porter ombrages. Il veut mater l’intelligence des créateurs de tout bords, artistes, hommes de lettres et scientifiques qui osent avoir un esprit non conformiste.
Il est vrai qu’en dehors de mater les gens, que peut faire un gouvernement quand il compte peu de compétences? Après 6 mois d’exercice, il est malheureux de constater que bon nombre de ses ministres ne sont pas à la hauteur de leur fonction car ils sont sans envergure et sans expérience pour ne pas dire incultes pour certains, et quant ils sont cultivés, ils sont mats, dépolis et sans brillant pour d’autres.
Une «troïka» en échec intime
Avec le Premier ministre, les deux autres têtes du pouvoir ne sont pas mieux loties. Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Assemblée nationale constituante (Anc) est lui aussi en situation d’échec intime à force de faire violence à ses convictions, à chaque séance parlementaire, pour faire plaisir à Ennahdha (ou à ne pas le braquer) avec le secret espoir d’être bientôt remercié pour services rendus lors des prochaines présidentielles.
Moncef Marzouki, chef de l’Etat en échec le plus total lui aussi, recherche désespérément des prérogatives présidentielles dignes de ce nom en gesticulant sans aucune efficience tous les jours et en multipliant les voyages à l’étranger en avion présidentiel avec une cohorte de dizaines d’accompagnateurs au frais du contribuable. Au cours de son dernier voyage, il a eu l’ingénieuse idée d’amener dans ses bagages la ministre de la Femme, Sihem Badi, pour promouvoir l’image des Tunisiennes dans les pays du Golfe; enfin un grand succès que lui reconnaitront nos concitoyenne.
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