Azur Papier, usine spécialisée dans la fabrication de la ouate cellulose implantée à Zriba (gouvernorat de Zaghouan), se distingue par ses équipements ultramodernes et sa stratégie d'expansion sur les marchés local, maghrébin et, bientôt, subsaharien.
Par Zohra Abid
Nous sommes à la croisée de chemins, dans la zone industrielle de Zriba, à une trentaine de kilomètres au sud de Tunis. Le choix d'implanter cette usine dans la région de Zaghouan est loin d'être un hasard.
«Le site s'est imposé de lui même. Nous y avons opté afin d'être près de notre source d'approvisionnement en gaz naturel, essentiel pour la production d'électricité», explique Lotfi Trabelsi, directeur général adjoint d'Azur Papier, filiale de la société SAH, propriétaire de la marque Lilas, spécialisée dans les produits d'hygiène pour bébés et adultes.
Lotfi Trabelsi conduit la visite.
Un petit bijou perché sur les hauteurs
C'était lors d'une visite organisée, la semaine dernière, pour les médias et les intermédiaires en Bourse, à l'occasion de l'introduction du groupe SAH Lilas à la Bourse de Tunis.
Azur Papier, qui a pour seul concurrent aujourd'hui dans le pays, Watt Tunisie (équipements de stockage d'énergie électrique), a été créée en 2009 et a nécessité 2 ans d'étude (jusqu'à mai 2011). La société n'est finalement entrée en production que le 17 avril 2013.
L'usine emploie 180 personnes dont 16% sont des cadres.
«Le capital d'Azur Papier est de 18 millions de dinars (MDT). L'usine emploie 180 personnes dont 16% sont des cadres. 75% de sa production est destinée au marché local», indique M. Trabelsi.
Ce projet n'était pas facile à conduire au lendemain de la révolution. Loin s'en faut. «Il y a eu, au départ, beaucoup de difficultés pour convaincre les autorités. Il fallait me voir : je me démenais à droite et à gauche avec des papiers et me présentais sous le nom de Trabelsi (nom de famille de l'épouse de l'ex-dictateur déchu, NDLR). C'était vraiment dur», se souvient Lotfi Trabelsi. Qui avoue avoir eu peur à l'époque d'être agressé ou lynché, alors qu'il n'avait aucun lien avec les gendres de l'ancien président.
La station d'épuration des eaux industriels.
Une première maghrébine
L'unité, dont le coût global a dépassé les 65 MDT s'étend sur 5.000m2. Elle est constituée de plusieurs sites, notamment une station d'épuration d'eau avec une vue imprenable : de la verdure à perte de vue.
Le rejet des eaux industrielles se fait au pied de la bâtisse, généreusement équipée par des machines ultra perfectionnées, et il prend directement le chemin des conduites de l'Office national de l'assainissement (Onas).
La production industrielle n'est pas incompatible avec le respect de l'environnement.
En face, se trouve un autre site où est stockée la pâte vierge. Des piles de carrés blancs entassés en hauteur et ressemblant à un building interminable. «La matière première vient des pays scandinaves. Il s'agit d'un bois se distinguant par ses fibres longues et que nous n'avons pas chez nous», explique Lotfi Trabelsi à ses invités, impressionnés par la dimension de l'unité. On est bien en Tunisie, où de belles choses existent qui méritent d'être signalées !
Non loin de là, le local de la turbine à gaz. Ici c'est la récupération thermique pour la production de l'électricité. En face, c'est le générateur de la vapeur... «C'est le co-générateur indépendant de l'usine», explique l'un des employés à Kapitalis. Et d'ajouter: «Même si l'électricité est interrompue, l'usine poursuit sa production. Mieux encore : Azur Papier produit de l'électricité et en vend des quantités à la Steg».
La station d'épuration est capable de traiter 21 mètres cubes d'eaux utilisées pour la fabrication de la ouate de cellulose.
Plus loin encore, un autre site de produits chimiques. On passe sans s'arrêter. Tout est sous haute protection.
Une politique environnementale
«Pour assurer le fonctionnement de cette unité, très énergivore (1100kilowatts/tonne produite), la société a adopté le concept de la cogénération pour la production simultanée de l'électricité et de la vapeur à partir du gaz naturel. Le potentiel de cogénération de l'entreprise est estimé à 3,5 mégawatts/heure, pour une consommation de 2,1 mégawatts/heure», relève le directeur général adjoint. C'est ce surplus de 1,4 mégawatts/heure qui est vendu à la Steg.
L'usine, qui a investi 3 MDT pour la réalisation de sa propre station d'épuration, est capable de traiter 21 mètres cubes d'eaux utilisées pour la fabrication de la ouate de cellulose.
Des piles de carrés blancs entassés en hauteur et ressemblant à un building interminable.
Lotfi Trabelsi tient cependant à rappeler la politique d'Azur Papier en matière de respect de l'environnement, qui n'est pas incompatible avec la production industrielle, vocation première de la société SAH Lilas qui cherche à répondre aux besoins du marché maghrébin, et au-delà, puisque le groupe s'attaque désormais aux marchés libanais et égyptien et, bientôt, à ceux de l'Afrique subsaharienne, où le seul concurrent, aujourd'hui, d'Azur Papier se trouve en... Afrique du Sud.