La chéchia tunisienne a fait une réapparition fort remarquée... sur la tête des responsables politiques à l'ouverture du 32e Salon de la création artisanale.
Lors de l'ouverture du salon, vendredi 24 avril 2015, au Parc des expositions du Kram, dans la banlieue nord de Tunis, le chef du gouvernement Habib Essid a posé pour les photographes avec une chéchia rouge écarlate sur la tête.
Trois autres membres du gouvernement se sont parés, eux aussi, du fameux bonnet, couvre-chef traditionnel des Tunisiens : Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Samira Merai, ministre des Affaires de la Femme et de la Famille, Kamel Jendoubi, ministre chargé des Institutions constitutionnelles et de la Société civile, ainsi que Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica).
Les artisans ne cachent pas leur inquiétude devant les conséquences de la conjoncture économique difficile sur leurs activités,
Un secteur en grande difficulté
Le chef du gouvernement a fait un tour dans ce salon organisé annuellement par l'Office national de l'artisanat (Ona), prenant connaissance des produits proposés par les quelque 800 artisans qui y représentent les diverses filières de cette activité occupant des dizaines de milliers de Tunisiens et de Tunisiennes.
Toutefois, ces artisans créateurs, qui oeuvrent à la sauvegarde d'un patrimoine précieux, gardien de l'identité tunisienne, ne cachent pas leur inquiétude devant les conséquences de la conjoncture économique difficile sur leurs activités, notamment la crise du secteur touristique, dont ils demeurent dépendants.
Les artisans présents à ce salon ont fait part au chef du gouvernement de leurs appréhensions quant à l'envahissement du marché tunisien par les produits contrefaits, l'entrée en force des intrus, la baisse du nombre des touristes (leurs principaux clients), ainsi que la prolifération des étalages anarchiques qui ont aggravé leurs difficulté.
Habib Essid a rassuré les artisans en leur annonçant la mise en oeuvre bientôt d'une stratégie de promotion du secteur dans le but d'améliorer leur situation.
Cette stratégie, dont le premier point est le retour de l'artisanat sous la tutelle du département du Tourisme, prévoit également l'encadrement des artisans, en particulier les jeunes, et leur assistance pour l'écoulement de leurs produits.
La chéchia, reine de l'artisanat tunisien.
Six concours sont au programme de ce salon, destinés aux artisans et aux étudiants des instituts supérieurs des beaux-arts et des centres de formations spécialisés.
Par ailleurs, 50 stands du salon ont été dédiés aux jeunes promoteurs de l'artisanat, alors que 4 concours parmi les 6 prévus sont consacrés aux domaines des fibres végétales, de la poterie et céramique et des tissages.
Financement et marketing, les handicaps majeurs
Samah Maaoui, artisane spécialiste du margoum de Ouedhref (localité de Gabès), a indiqué, dans une déclaration à l'agence Tap, que «le problème majeur reste l'écoulement des produits».
Inquiète du devenir de son métier qu'elle craint de voir disparaître, la jeune femme raconte qu'elle a créé «des produits à la fois originaux et modernes et introduit de nouvelles couleurs, mais la demande reste toujours en-deçà de ses attentes, d'autant plus qu'elle emploie plus de 60 jeunes artisans et artisanes».
La demande reste toujours en-deçà des attentes.
Meriem Ezzine, qui s'est spécialisée dans la fabrication de bijoux artisanaux, se plaint, elle aussi, du manque de financement. «Les matières premières sont de plus en plus chères et quand on veut augmenter les prix pour compenser les coûts, on perd nos clients», a-t-elle souligné.
La jeune artisane qui a créé son projet en collaboration avec une collègue, en décembre 2014, a évoqué aussi «un manque d'encadrement de la part des autorités de tutelle en particulier dans le domaine du marketing et de la participation aux salons».
En dépit de ces difficultés, les artisans gardent l'espoir de voir la conjoncture s'améliorer en matière de sécurité, ce qui permettra une reprise du secteur touristique duquel dépend, en grande partie, l'artisanat tunisien.
I. B. (avec Tap).
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