Ensoleillement garanti 300 jours par an. Proximité géographique. Cadre de vie agréable. Stabilité et sécurité. Affinités culturelles. Richesses archéologiques et historiques. Facilités d’intégration. Coût de la vie trois fois moins cher qu’en Europe, surtout pour les soins de santé, avec la présence de nombreux centres de thalasso et de thermes à l’eau naturelle. Et, cerise sur le gâteau, des allègements fiscaux alléchants.
Les Français, par exemple, bénéficient d’un abattement pouvant aller jusqu’à 80% sur les revenus et l’enregistrement des acquisitions foncières se fait au droit fixe à un taux réduit... S’ils restent relativement élevés pour le commun des Tunisiens, les prix de l’immobilier en Tunisie n’en sont pas moins concurrentiels en comparaison avec ceux pratiqués en Europe, voire au Maroc et en Egypte, eu égard notamment au taux de change attrayant du dinar, la monnaie nationale.
Un logement neuf coûte généralement en Tunisie entre 700 et 1 000 euros le m2 (1 euro = environ 2 dinars). Pour des biens plus luxueux et des emplacements de premier choix, notamment en front de mer, le m2 s’élève à 1 400 voire 1 600 euros. Dans le bâtiment ancien de haut standing, les prix varient entre 600 et 1 000 euros le m2 selon l’état de préservation et l’emplacement.
Les étrangers, qui connaissent la Tunisie, ont donc de bonnes raisons de vouloir y posséder une villa ou un appartement. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à exprimer ce désir. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Et pour cause…
Longtemps inaccessible pour les étrangers, le marché de l’immobilier leur a été partiellement ré-ouvert en 2005, avec la suppression de «l’autorisation du gouverneur» dans des cas biens précis : les non-résidents peuvent acquérir des terrains et non du bâti dans les zones touristiques et industrielles. Concernant les mégaprojets immobiliers, l’autorisation est du ressort du «bureau de liaison», voir du vis-à-vis administratif du promoteur, créé et investi de pleins pouvoirs dans ce domaine. Les étrangers accèdent-ils pour autant plus facilement à la propriété immobilière dans notre pays ?
Au vu des conditions requises et des procédures exigées, souvent longues et fastidieuses, on ne peut pas dire que notre pays déroule le tapis rouge aux étrangers désirant y posséder un pied à terre. Au grand dam des promoteurs immobiliers, qui multiplient les offres en direction de cette clientèle huppée, essentiellement constituée de retraités européens, sans que leurs ventes ne suivent vraiment.
Dans la réalité, l’achat d’un bien immobilier (terrain aménagé pour la construction ou logement d’habitation) par un étranger est soumis à une autorisation préalable délivrée par les autorités du Gouvernorat où le bien en question est situé. Au moins treize documents sont exigés : demande au nom du Gouverneur en cinq exemplaires, contrat d’achat, certificat de procuration, certificat de fin de travaux délivré par la municipalité, plan validé par l’ingénieur…
Une fois le dossier constitué et présenté, l’administration mène des enquêtes sur les futurs propriétaires et passe leurs dossiers au peigne fin. Les demandes s’entassent dans les tiroirs, mais les autorisations sont accordées au compte-goutte. Au cas par cas.
«Quand bien même l’investisseur étranger – y compris dans la pierre – serait toujours le bienvenu, il n’est nullement question de brader le patrimoine immobilier national», explique un responsable de l’administration sous couvert de l’anonymat. Qui ajoute : «C’est une question délicate. Dans certains pays de la région (par allusion au Maroc, ndlr), l’installation d’habitants de souche européenne en plein cœur de médinas habitées en majorité par des familles autochtone de religion musulmane n’a pas manqué de provoquer un malaise sinon des frictions. Certaines différences culturelles peuvent se transformer en obstacles infranchissables. Il vaut donc mieux en tenir compte, en amont, pour ne pas avoir à gérer, en aval, certains problèmes insurmontables de cohabitation.»
Conséquence : certains agents immobiliers qui se sont engouffrés dans la brèche, croyant y trouver un bon filon pour doper leurs activités, ont dû vite déchanter. Et pour cause : l’offre de terrain et de bâtiments en bord de mer, la zone la plus prisée par les clients, reste très faible, sinon inexistante. Autre difficulté rencontrés : outre la lourdeur des procédures administratives que doivent effectuer les étrangers espérant accéder à la propriété, certains propriétaires tunisiens rechignent encore à céder leurs biens à ces derniers. Résultat : malgré l’effet d’annonce et le tapage publicitaire, les agents immobiliers enregistrent peu de transactions au profit de cette clientèle.
Sur un autre plan, la crise internationale n’est pas restée sans conséquence sur cette clientèle dont la demande a chuté de moitié dans les stations balnéaires huppées comme Yasmine Hammamet et Gammarth, alors que le prix du mètre carré a baissé de 30% en moyenne. Il ne fallait pas tant pour que les promoteurs réagissent en se recentrant sur la clientèle locale et en gelant une partie de leurs nouveaux projets. Mais les stocks d’invendus étant importants, seront-t-ils contraints à baisser leurs prix ? Les classes moyennes, qui se plaignent du prix élevé de l’immobilier résidentiel, l’espèrent toujours.
Imed B.