La chirurgie esthétique fait partie de la panoplie de soins médicaux dispensés dans nos cliniques à une clientèle étrangère de plus en plus nombreuse. Cette  activité est à l’origine d’un nouveau produit touristique à fort potentiel de croissance : le tourisme à des fins de santé.


La chirurgie esthétique et réparatrice est bien développée en Tunisie. Seconde destination dans ce domaine en Afrique, après l’Afrique du Sud, notre pays compte 1 000 praticiens dans cette spécialité exerçant dans le privé et le public. La plupart ont fait leurs preuves dans le public avant de passer dans le privé. Cette osmose entre les deux secteurs explique, d’ailleurs, les succès de cette spécialité dans notre pays, exercée dans 118 cliniques privées recensées, pour une capacité d’accueil 2 747 lits.

Un savoir-faire prouvé

«Dans les hôpitaux, on accueille des patients âgés de 18 à 70 ans. Ils viennent pour une réduction mammaire, un lifting, une liposuccion, une chirurgie du nez, ou d’autres types d’interventions à caractère esthétique», explique Dr Ali Adouani, chef de service de chirurgie maxilo-faciale à l’hôpital Charles Nicole de Tunis. Il ajoute : «Nous donnons cependant toujours la priorité aux accidentés de la route, aux brûlés et à ceux qui souffrent d’une  malformation…» Le praticien ne tarit pas d’éloge sur le savoir-faire des praticiens de son service qui «parviennent réparer la mâchoire d’un patient à partir d’un os de sa jambe».

Ce savoir-faire a d’ailleurs été souligné par les participants étrangers au 6e congrès de la Clinique de La Soukra consacré à la «greffe du visage, entre débat éthique et réalité chirurgicale», qui s’est tenu le 5 décembre 2009. L’invité d’honneur du congrès, le professeur Laurent Lantieri, chef de service à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, près de Paris, auteur de la première mondiale de greffe intégrale du visage, n’a pas manqué pas de louer la réussite tunisienne en matières de reconstitution mammaire à la suite d’un cancer du sein et de traitement des tumeurs de la peau et des brûlures.
Fort des réussites dans ce domaine, notre pays est en train de mettre en valeur le créneau du tourisme de santé qui présente un fort potentiel de croissance. Le gouvernement voudrait faire de la Tunisie un exportateur net dans le domaine médical d’ici 2016. Ainsi, plusieurs petites villes et complexes touristiques mettent des centres médicaux et thérapeutiques au service des visiteurs étrangers. On estime que 250 000 d’entre eux sont venus en Tunisie en 2009 pour suivre un traitement (alors qu’ils n’étaient que 150 000 en 2008), attirés par la grande qualité des soins médicaux, des eaux thermales, du climat clément tout au long de l’année et des coûts relativement faibles.

Des étrangers sont venus de pays tels que le Royaume-Uni, la France, la Belgique et la Suisse pour subir des opérations comme celle des yeux, la greffe d’organes, le traitement des reins et du cœur et la chirurgie plastique. Le gouvernement voudrait maintenant attirer des patients d’encore plus loin, comme des Etats-Unis, du Golfe et de Chine. Il pousse également pour que 17 «cités de la santé» soient construites, des villes qui comprendraient des hôpitaux, des centres spécialisés, ainsi que des installations de recherche et développement visant à soutenir le développement touristique dans le milieu médical et dans le secteur de la santé au sens large.
Il va sans dire que dans le «tourisme de santé» (c’est le niveau d’expertise des cadres médicaux et la qualité des soins dispensés qui priment, les tarifs n’étant qu’un argument supplémentaire pour attirer les patients.

 

I.B