L’impact de la cogénération sur l’environnement, ses avantages technologiques et économiques sont tels que l’industrie tunisienne se doit de donner tout l’intérêt.
Lors d’un workshop organisé mercredi par l’ambassade de la Grande Bretagne, l’Agence nationale de la maîtrise de l’énergie (Anme), la Société tunisienne d’électricité et du gaz (Steg) et Clarke Energy, géant mondial de l’industrie énergétique, ont présenté les vertus de la cogénération. Le cadre législatif, économique et technologique tunisien en matière de cogénération y a aussi été débattu.
La cogénération est la production simultanée de chaleur et d’énergie mécanique, le plus souvent transformée en électricité. C’est un dispositif d’économie d’énergie où on récupère l’énergie thermique gaspillée lors de la production d’électricité.
Ce concept technique répond aux préoccupations actuelles de préservation de l’environnement, non seulement en réduisant la consommation d’énergie, mais aussi en limitant les rejets nocifs.
Les industries les plus concernées sont celles dont les processus utilisent l’eau chaude, la vapeur ou l’air chaud.
Un cadre incitatif
Évoquant l’utilité industrielle et économique de la cogénération, Kaouther Lihidheb, directrice de l’unité «Efficacité énergétique dans l’Industrie» à l’Anme, a insisté sur un cadre de la cogénération assez positif. Ce cadre spécifique prévoit une subvention de 20%, une obligation de la Steg d’enlèvement d’électricité produite par les cogénérateurs, un tarif de rachat d’électricité via le réseau électrique national.
De gauche à droite, Alain Fletcher, directeur commercial Clarke Groupe, Didier Lartigue, directeur général de Clarke Energy France et Tunisie, et Kamal Kassi, directeur général.
Parmi les avantages accordés aux entreprises désirant mettre en place un projet de cogénération, Mme Lihidheb a parlé des lignes de crédit de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (Afd) ainsi que du programme d’assistance et d’accompagnement 2010-2011 de l’Anme. Selon Lihidheb, cette dernière œuvre à «la création d’un marché de l’efficacité énergétique dans l’industrie, à la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel favorable au développement de la cogénération».
Preuve de l’intérêt qu’accorde le gouvernement tunisien à la cogénération, le Chef de l’État a inauguré, le 10 juin dernier, une unité de valorisation énergétique des déchets organiques située dans la zone du marché de gros de Bir El-Kassaâ. Le coût total du projet, d’une capacité de production estimée à 2,4 gigawatt heures (GWh) par an, s’élève à 2,132 millions de dinars et l’énergie électrique produite par l’unité couvrira 29% des besoins énergétiques de la Société tunisienne des marchés de gros (Sotumag), soit une économie d’énergie annuelle de 380.785 KW/h (108 Tep).
Clarke Energy au service de l’industrie tunisienne
Après avoir souligné «les valeurs ajoutées» de Clarke Energy dans la cogénération, et notamment à travers la commercialisation des moteurs à gaz Jenbacher, Didier Lartigue a parlé «des intérêts multiples» et des différentes applications de la cogénération. Le directeur général Clarke Energy France et Tunisie a souligné que 5 moteurs Jenbacher ont été vendus en 2 ans en Tunisie.
L’année 2010 a connu la première cogénération, celle mise en place par Clarke dans une usine d’agro-alimentaire du groupe Slama (Nejma Huiles).
Créée en décembre 2007, Clarke Energy Tunisie est une filiale de Clarke Energy France et appartient au groupe britannique du même nom.
M. Lartigue a souligné à Kapitalis que Clarke Energy Tunisie «propose des solutions clés en mains de cogénération au gaz naturel, traitement et valorisation de biogaz, traitement et valorisation de gaz spéciaux, dont le gaz de pétrole. Elle propose aussi des installations techniques basées sur des produits Jenbacher performants du groupe GE Energy».
Clarke Group est créé en 1989. Il emploie plus de 330 salariés (dont 300 au sein de la division Energy) qui assurent la maîtrise interne de la conception d’installations clés en main, la gestion des projets, les montages sur sites, les mises en service, la maintenance technique et la formation des équipes clients.
En 1995 Clarke Energy devient le distributeur exclusif de GE Energy au Royaume-Uni et en 2007 distributeur exclusif en Tunisie grâce à sa filiale Clarke Energy Tunisie.
Un financement adéquat
L’Amen Bank est l’une de trois banques tunisiennes (en plus de la Banque de l’Habitat et de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises, Bfpme) chargées de gérer la ligne de crédit de la Banque mondiale pour le financement de l’efficacité énergétique et de la cogénération.
L’objectif du gouvernement tunisien étant de «réduire l’intensité énergétique de l’économie tunisienne de 3% par an au cours de la période 2008-2011 et de porter la part des énergies renouvelables à 4% de la demande énergétique primaire», il était question «de lever les barrières à l’investissement et de favoriser l’accès à de nouvelles sources de financement», selon Sihem Sahli, cadre banquier.
Une ligne de crédit a été donc mise en place en faveur des entreprises industrielles et de service pour leurs projets de cogénération.
Mlle Sahli, de la division des Relations internationales de l’Amen Bank, a précisé lors du workshop que «cette ligne de crédit présente des conditions attractives pour les promoteurs. Parmi ces avantages, une durée de remboursement de 15 ans, une période de grâce de 5 ans, un taux d’intérêt attractif et l’absence de la commission d’engagement. La procédure de l’octroi du crédit a aussi été simplifiée au maximum», souligne Mme Sahli.
L’Unité de gestion du projet (Ugp) de l’Anme et l’Amen Bank accompagneront le postulant dans toutes les étapes, de la constitution de son dossier à l’assistance technique. «Des experts sont même désignés pour assister le porteur du projet dans les démarches bancaires», explique encore Mme Sahli.
Selon le workshop, l’intérêt économique de la cogénération ne semble pas remis en cause, même par un faible coût de l’électricité. Ce sont en fait les temps de retour sur investissement relativement longs qui restent mal perçus par les industriels.
Un raisonnement en termes de bénéfice actualisé serait un critère plus approprié pour l’investissement stratégique que représente un système de cogénération.
M. T.
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