Ancillo Canepa, le président du FC Zurich (Fcz), n’est visiblement pas content des circonstances de la blessure de son joueur Yassine Chikhaoui lors du match Tchad-Tunisie le 11 août dernier à N’Djamena. Dans un entretien accordé à Kapitalis, il met les points sur les i…
Lors d’un entretien qu’il nous a accordé dans un hôtel de Sousse à la fin d’un séjour d’une semaine durant lequel il s’était renseigné sur l’état de santé de son joueur prodige, M. Canepa se déchaîne contre la Fédération tunisienne de football (Ftf) et le cadre de l’équipe nationale.
«Pourquoi a-t-on fait jouer Yassine dans des conditions pareilles», s’est interrogé Canepa. «Tout le monde savait que les Tchadiens allaient être agressifs et très engagés. Outre la pelouse synthétique qui porte préjudice aux joueurs tunisiens, les Tchadiens étaient en plus encouragés dans leurs interventions physiques démesurées par un arbitrage-maison lamentable».
«C’est absurde !»
Le patron du club où évoluent Chikhaoui, Yassine Chermiti et Chaker Zouaghi, qui était accompagné lors de cette visite de Fredy Bickel, le directeur sportif du Fcz, poursuit: «Les responsables de l’équipe de Tunisie savaient pertinemment que Chikhaoui n’était pas en totale possession de ses moyens. En fait, il poursuivait toujours sa rééducation. La preuve est qu’il ne joue encore que des laps de temps avec le Fcz ».
A la 72e minute dudit match, alors qu’il avait fait son entrée en jeu depuis seulement deux minutes, Chikhaoui était victime d’une fracture du tibia droit suite à un duel sur une balle anodine avec un adversaire tchadien. « Pis!, selon Canepa. Yassine était incorporé quand la Tunisie menait 2 à zéro. Ça m’a paru absurde et je n’ai pu le digérer».
M. Canepa ne semble pourtant pas avoir oublié que jouer pour la sélection de son pays est une histoire de devoir indiscutable et de patriotisme. «Je n’ai jamais été contre la volonté de Yassine de jouer pour son pays, explique-t-il. Je n’ai d’ailleurs jamais interdit à un de mes joueurs d’aller disputer un match international et je ne me permet pas de le faire». Et il enchaîne: «Avec cette blessure, Yassine et le Fcz ne sont pas les uniques perdants. Je pense que c’est un coup dur à l’équipe nationale tunisienne qui s’apprête à disputer des matches importants. Epargner Yassine lors de ce voyage à N’Djamena aurait profité à tout le monde, la Tunisie et Yassine en premier lieu».
«L’un des meilleurs footballeurs du monde»
Et à Canepa de rappeler, à l’occasion, les sacrifices financiers et sportifs encourus par le Fcz durant plus de deux années de sa fameuse blessure. «Nous l’avons ramené chez les meilleurs chirurgiens et spécialistes du monde. Il était parti se faire soigner à Barcelone, à Berlin, à Londres, aux Etats- Unis. Nous avons beaucoup patienté et même couru des risques en insistant qu’il ne fasse son retour que lorsqu’il est à 100% de ses moyens. Je dis bien à 100%».
L’ex-étoilé, qui a été opéré à Tunis dès son retour de N’Djamena, sera cette fois absent pendant quatre à six mois, selon les médecins du Fcz. La rééducation d’un joueur est surtout tributaire de son courage, de son application et de sa volonté.
Canepa, dont les rapports avec Chikhaoui dépassent visiblement ceux d’un président de club avec son joueur, est confiant quant à la capacité de son protégé de retrouver la totalité de ses moyens et de son génie.
«Pour moi, nous confie-t-il, Yassine est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du championnat suisse. Il est même l’un des meilleurs footballeurs du monde. Je suis certain qu’il ne sera pas au Fcz les cinq à dix prochaines années».
«Sans sa première blessure, conclut Canepa non sans beaucoup de regrets, il aurait été dans l’un des plus grands clubs du monde. Les offres pour le recruter n’avaient jamais manqué, croyez-moi ».
M. T.