Malek Jaziri, le meilleur tennisman tunisien, a réalisé une très belle performance, lundi dernier à Dubaï face à Roger Federer, mais il n'a pas eu le temps de savourer sa bonne sortie...
Par Marouen El Mehdi
Invité par les organisateurs du tournoi de Dubaï, Malek Jaziri n'a pas été servi par la chance lors du tirage au sort puisqu'il a eu à affronter pour son premier match le grand champion suisse Roger Federer. Il s'agissait, tout de même, d'un beau challenge puisqu'un match contre l'homme à tous les records en tennis demeure à jamais le meilleur souvenir dans la carrière d'un joueur moyen (Jaziri flirte avec la liste des 100 meilleurs joueurs du monde).
La suite, nous la connaissons avec une prestation des plus honorables, surtout dans la première partie du match puisque Jaziri a pu remporter un set face à une légende de tennis (7-5) avant de voir Federer retrouver toutes ses sensations et s'imposer dans les deux sets suivants (6-0) et (6-2).
Le public présent, ravi de voir un tennisman arabe arracher un set à Federer, a réservé au champion tunisien une grande ovation au moment de quitter le court central. Jaziri, lui, a regagné les vestiaires avec la nette conviction qu'il venait de représenter comme il se doit les couleurs de son pays.
Quelques heures après, il eut même un haut responsable du ministère de la Jeunesse et du Sport au bout du fil (il s'agissait du directeur du sport d'élite). Jaziri ne pouvait penser qu'à une seule chose. Cet appel, arrivé juste après une prestation de haut niveau, ne pouvait que louer ses efforts. Surprise, le haut responsable du ministère était intervenu pour annoncer à Malek qu'il va devoir s'expliquer car le médecin de la Fédération tunisienne de tennis (FTT) a ordonné à son joueur de se reposer pendant au moins trois semaines à cause d'une blessure au genou et qu'il n'aurait pas dû prendre part au tournoi de Dubaï sans consulter son médecin. On lui a fait comprendre que cette affaire aura des suites et que des procédures disciplinaires vont suivre.
Malek Jaziri, encore sous l'euphorie de son beau match contre Federer, n'arrivait pas à percevoir les menaces du directeur du sport d'élite et sa joie s'est tout de suite transformée en déception et surtout en frustration de voir les siens réagir ainsi après une aussi honnête prestation.
Le ministère et la FTT auraient pu attendre le retour de Jaziri avant de prendre ces mesures et gâcher sa fête. Et puis, peut-on reprocher à un sportif de s'être accroché à une chance qui ne pourrait pas se reproduire pour affronter un champion de l'envergure de Federer?
Il s'agissait, là, d'un comportement maladroit même si, côté discipline et application, Jaziri aurait pu en discuter avec son médecin traitant.
Le ministère, qui tarde parfois à prendre des mesures autrement plus urgentes, n'avait pas à réagir de cette manière, d'autant plus que le ministre s'est déjà engagé dans une polémique avec le président de la FTF et aurait dû être plus calme et plus mesuré cette fois-ci.