L'homme d'affaires tunisien va-t-il faire comme Silvio Berlusconi au Milan AC : racheter le Club Africain et nommer l'un de ses proches à la tête du club tunisois? Ce sera possible avec un changement de la loi régissant les clubs sportifs.
Par Emna Turki
L'affaire Slim Riahi a enfin pris fin avec la décision du gouvernement de suspendre les mesures contre le président du CA. S'en prendre à la citadelle clubiste n'était pas ingénieux de la part du gouvernement Ali Lârayedh, qui a préféré battre en retraite.
Après des dizaines de déclarations et de contre-déclarations, des centaines d'interventions et des milliers de commentaires, l'affaire opposant Slim Riahi au gouvernement sur le cumul de la présidence du CA et de celle de l'Union patriotique libre (UPL) s'est achevée sur une bonne note.
La raison l'a emporté
Slim Riahi, fort du soutien du «peuple» clubiste a fini par «obliger» le gouvernement à revenir sur sa décision. Mais il semble déjà décidé à céder la présidence du Club africain au cours d'une assemblée générale élective en juin prochain, afin d'être en règle avec les lois du pays.
Cette affaire a pris une dimension grandiose. Normal, vu qu'elle a touché le Club Africain, un club mythique qui traîne une très longue histoire et qui est appuyé par des centaines de milliers de supporters.
Heureusement pour tout le monde, cette affaire a été résolue à temps. En effet, le directeur du cabinet du ministère de la Jeunesse et du Sport, Adel Zarmdini, a déclaré que les mesures à l'encontre du président du club de Bab Jedid ont été gelées après la réunion entre le ministre Tarak Dhiab et le chef du gouvernement Ali Lârayedh. Ces mesures seront suspendues momentanément, jusqu'à ce que le tribunal administratif annonce sa décision sur cette affaire. Slim Riahi se réunira, lui aussi, avec Ali Lârayedh au cours de la semaine prochaine pour clôturer une fois pour toute ce problème qui a fait couler beaucoup d'encre.
La décision du gouvernement a donc mis fin à ce «malentendu» à temps avant que les choses ne dégénèrent, surtout après les appels des supporters clubistes à manifester, mercredi, à la Kasbah. La raison a fini par l'emporter et Slim Riahi peut désormais continuer ses fonctions à la tête du Club Africain, au moins jusqu'à juin prochain.
Les clubs et les supporters s'unissent
Cette affaire, qui peut paraître bizarre, a réussi à unir la plupart des clubs et des supporters. En effet, le secrétariat du Club Africain a reçu un nombre incalculable de faxes de nombreux clubs (Espérance Sportive de Tunis, Club Athlétique Bizertin, Etoile Sportive du Sahel...) affirmant leur soutien au club de Bab Jedid et à son président.
Les supporters d'autres clubs, même les rivaux du CA, ont affirmé, sur les réseaux sociaux, leur soutien au Club Africain contre «l'acharnement du gouvernement». C'est dire que cette affaire a au moins pu réunir les différents clubs et supporters.
Par ailleurs, Slim Riahi a appelé à une assemblée générale du Club Africain le 16 juin prochain, en affirmant qu'il restera toujours fidèle au club de Bab Jedid et l'un de ses premiers supporters.
Cette déclaration n'a pas plu aux supporters clubistes qui veulent que Slim Riahi continue à présider leur club. Cependant, l'intéressé compte sur le changement de loi transformant les équipes sportives en sociétés. Avec ce changement, si tant est qu'il aura lieu, Riahi pourra acheter le club de Bab Jedid et mettre quelqu'un d'autre à la tête du conseil de l'administration comme c'est le cas, par exemple, au Milan AC : Berlusconi est le propriétaire, mais c'est Barbara, sa fille, qui préside le conseil de l'administration.