L'affaire opposant le gouvernement à Slim Riahi s'est achevée sur la victoire de ce dernier. Cependant, le seul vaincu dans cette histoire n'est autre que le Club Africain.
Par Emna Turki
Du jour au lendemain, et grâce à la popularité du Club Africain et à la naïveté d'un gouvernement qui a cru pouvoir défier un club comptant des centaines de milliers de supporters, l'Union patriotique libre (UPL) est devenu le sujet favori des Tunisiens.
La joie contrariée du «peuple» clubiste
L'affaire opposant Slim Riahi au gouvernement concernant le cumul des activités politiques et sportives a propulsé Slim Riahi, le politicien, aux devants de la scène, mais a également détérioré son capital confiance auprès des supporters clubistes.
En effet, les supporters du club de Bab Jedid se sont mis à quatre pour défendre leur club et son président contre l'acharnement du gouvernement et ont même appelé à la confrontation pour préserver les intérêts du club. Une attitude qui a obligé le gouvernement à lâcher du lest et à laisser tomber les mesures visant Slim Riahi.
La joie du «peuple» clubiste, comme l'a appelé Abdelhak Ben Chikha, l'ex-timonier du CA, n'a pas duré longtemps. Et pour cause, Slim Riahi a déclaré la tenue d'une assemblée générale élective en juin, à l'issue de laquelle il quittera le Parc Mounir Kbaïli. Se sentant trahis par l'un des rares présidents qui ont fait l'unanimité au Parc A, les supporters clubistes se sont pris à celui qui a brisé leur rêve de voir le drapeau du CA flotter dans les compétitions internationales les plus prestigieuses.
Sur sa page officielle facebook, Slim Riahi a reçu un nombre incalculable de commentaires le traitant de tous les noms. Le président clubiste a fini par pousser un coup de gueule et perdre, dans la foulée, une part de l'estime que lui portaient les supporters.
Mais ce que Slim Riahi ne savait apparemment pas, c'est que les supporters clubistes l'ont appuyé non pas parce qu'il est le président de l'UPL, mais parce qu'il fait partie de la citadelle clubiste.
Le timonier qui quitte la barque en pleine tempête
Le jeune milliardaire s'est dit étonné de la réaction des supporters. Bizarre de la part d'une personne qui critique les autres mais n'accepte pas les critiques ! Bizarre de la part d'une personne qui a cru, à tort, qu'il est élevé aux rangs des demi-dieux parce qu'il a investi des sommes mirobolantes pour redonner le sourire à un public (presque) dégoûté par les contre-performances de son club. Mais ce que Slim Riahi ne savait pas, c'est que ces supporters ont renié un certain Hamadi Bousbiaâ, qui a, malgré ses erreurs, permis au club de Bab Jedid de survivre lorsque personne ne voulait l'aider. Slim Riahi a aussi oublié que les supporters clubistes ont renié un certain Jamel Atrous, qui était le premier président réellement élu dans l'histoire du CA parce qu'il n'a pas été à la hauteur de leurs attentes. Slim Riahi a également oublié que les supporters clubistes l'ont élu parce que, entre autres, il a promis d'abolir le terme «parrain» du Parc A. Alors comment ose-t-il espérer devenir lui-même un parrain et un homme indispensable?
L'affaire est maintenant clôturée, et Slim Riahi, celui de l'UPL, est devenu «le politicien sage», «le politicien qui passe le bien du pays avant le sien». Slim Riahi, celui de l'UPL, se réunira avec Ali Laârayedh, chef du gouvernement. Slim Riahi, celui de l'UPL, a eu le droit à une compagne publicitaire énorme et gratuite. Mais où est Slim Riahi du CA dans tout cela? Où est Slim Riahi qui a déclaré: «Je ne quitterai pas le club de Bab Jedid avant d'achever mon projet»? Où est Slim Riahi, qui a tant promis aux supporters et qui, hélas, a abandonné devant le premier obstacle? Est-il au courant que Djabou, la star algérienne du CA, s'est interrogé, depuis son pays où il se trouve avec l'équipe nationale, sur son sort puisqu'aucun autre président ne peut payer son salaire mirifique? Est-il au courant qu'il ne reste que deux journées avant la fin de la première du championnat et surtout le grand derby de la capitale et qu'il a, sans le vouloir, perturbé tout une équipe?
Pour clôturer cette affaire une fois pour toute, les supporters clubistes, une large frange en tous cas, a précisé à Slim Riahi que le Club Africain ne mourra pas suite à son départ comme il a survécu aux départs de présidents mythiques, tout en lui rappelant que les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.