La «guerre civile» sportive provoquée par la non-qualification au play-off des Bizertins - et qui a culminé avec les émeutes du lundi à Bizerte - n'aurait pas eu lieu si la schizophrénie des Tunisiens n'a pas mis en cause leurs lois sportives.
Par Emna Turki
Depuis l'aube des temps, les êtres humains ont essayé de mettre en place des lois qui gèrent la vie collective et individuelle afin que tout chacun connait ses droits et ses devoirs et se met au règlement qui régit la vie d'un groupe d'individus formant une société. En tous cas, c'est ce qui se passe sous d'autres cieux, et pas encore le nôtre hélas.
Ce maudit «article 22»!
Sinon, comment expliquer qu'un «expert en droit sportif» comme Anis Ben Mime se permet-il d'appeler à ne pas respecter ce tristement fameux «article 22» dans l'affaire opposant le Club Africain au Club Athlétique Bizertin, soi-disant parce que l'exercice actuel est exceptionnel, alors qu'il n'a pas trouvé injuste que ce même article soit appliqué pour départager le Stade Tunisien, son équipe de cœur doit-on le rappeler, et le CS Hammam-Lif! Une telle divergence d'opinion concernant un même article juridique de la part d'un «expert en droit sportif» qui se dit toujours «irrité de la justice à deux vitesses» relève de la schizophrénie.
Imed Riahi, porte-parole du Club Africain.
Comment expliquer qu'un président du club, en l'occurrence Mahdi Ben Gharbia, appelle, il y a deux semaines, à ne pas prendre en considération ce maudit «article 22» et devenir, deux semaines après, le défenseur le plus farouche de ce même article avant de finir, après la décision de la Ligue nationale de football professionnel (LNFP), par appeler à nouveau à ne pas l'appliquer! N'est-ce pas l'incarnation même de la schizophrénie?!
Comment expliquer que le président du Club Athlétique Bizertin, qui est également un homme politique avec tout ce que cela doit engendrer comme sens des responsabilités, intervienne sur la chaîne Ettounissia et se donne le droit de demander au porte-parole du CA, Imed Riahi: «Pourquoi laisser le chaos s'installer? Nous sommes prêts à vous affronter en match de barrage où vous voulez quand vous voulez». Monsieur Ben Gharbia, et la loi dans tout ça?
A ce que je sache, nous ne sommes plus dans l'époque où les différents se règlent en «combat organisé armes égales»! Sinon, pourquoi mettra-t-on les violeurs en prison selon les lois. Il faut organiser un combat entre lui et sa victime pour trouver un gagnant à la loyale et éviter que les amis et la famille du criminel ne se fâchent!
Mehdi Ben Gharbia, député et président du CAB.
La responsabilité des experts en droit sportif
Comment expliquer que, toujours sur la chaîne Ettounissia, un avocat appelle les deux parties à se réunir et trouver une solution à l'amiable afin d'éviter une «guerre civile»! Il y a une loi monsieur l'avocat! Une loi écrite noir sur blanc et qui est là, non pas pour être contemplée et enrichir les bibliothèques juridiques, mais pour être appliquée. S'il faut maintenant demander aux avocats de ne pas appeler à ne pas respecter la loi, c'est que nous avons vraiment touché le fond !
Pour finir, ne croyez-vous pas, messieurs les experts en droit sportif surtout, que tout ceci n'aurait pas eu lieu si vous n'aviez pas évoqué, rappelons ici que c'est Anis Ben Mime qui était le premier à dénoncer cet article 22, un problème qui n'existait pas?
Ne croyez-vous que si vous n'avez pas passé les trois dernières semaines à décortiquer une loi qui est claire et nette, les supporters cabistes n'auraient pas ce sentiment d'injustice?
Illustration: émeutes, lundi soir, à Bizerte.