Le comité directeur de l'Espérance n'a pas tardé à mettre les pendules à l'heure pour défendre le club tunisois face aux accusations de la présidence de la république: «C'est un jeu politique malsain et nous saurons nous en défendre», disent-ils.
Par Marouen El Mehdi
«L'Espérance défendra farouchement ses droits»... tels étaient les premiers propos de Abdessattar Mabkhout, le porte-parole de l'Espérance sportive de Tunis (EST), lors d'une conférence de presse tenue sous haute tension, lundi après-midi au Parc Hassan Belkhoja. Il s'agit d'une réaction impérative du club pour éclairer l'opinion publique sur le double volet politique et sportif dans l'affaire du ''Livre noir'' de Moncef Marzouki.
Une affaire nationale
Affecté par ce qui a été indiqué sur le fameux ''Livre noir'', publié par la présidence provisoire de la république, à propos des personnes et des institutions ayant tiré bénéfice de l'ancien régime, M. Mabkhout a tenu à préciser que les politiciens n'ont pas le droit à porter atteinte au club, de surcroit le doyen des clubs tunisiens.
Extraits de ses propos: «A l'EST, il n'y a pas de place pour la politique. Notre attachement aux couleurs du club est indéfectible et ce qui a été écrit dans ce ''Livre noir'' et le report du match de dimanche contre le CSS ont constitué une vraie affaire nationale. Et notre position est la suivante: ce livre est un jeu politique qui nous dépasse et qui ne nous intéresse pas. Pourquoi impliquer l'Espérance uniquement alors que tous les clubs étaient sommés de soutenir l'ancien régime? L'intention est nette. Certains ont aussi utilisé le public espérantiste pour des desseins politiques obscurs. L'EST est plus grande que tous les présidents et à travers l'histoire ce sont les politiciens qui lui courent derrière. Sur le plan sportif, le BD a voulu éviter les commentaires déplacés même si notre club a été touché directement. Un précédent a été créé en reportant le match CSS-EGSG alors que l'EST a toujours joué en milieu de semaine après chaque match africain et même après des sacres. Aujourd'hui, on refuse toute interprétation et on ne cherche pas à jeter l'huile sur le feu. L'EST est représentée à travers toute la République et on refuse tout dépassement touchant aux intérêts du club.»
Quelle réaction juridique?
Passant au volet juridique, Riadh Touiti a fait les précisions suivantes: «Donner une partie infimes des informations est, à n'en point douter, un signe de mauvaise foi caractérisée. Je parlerai même de diffamation. Il y a eu des réactions diverses. Celle du porte-parole de la présidence (Adnen Mansar, NDLR) est insensée et elle est rejetée car il ne fait que résumer l'histoire de l'Espérance au seul mandat de Slim Chiboub (gendre de l'ex-président Ben Ali, NDLR), alors que le ''Livre noir'' ne parle que de l'EST. Il a voulu faire dorer la pilule mais nous ne sommes pas dupes. A travers l'Espérance, il a touché tous les clubs tunisiens. Les journalistes et les gens de la culture ont répondu avec virulence à ce ''Livre noir''. L'Espérance doit le faire aussi. Le BD est solidaire avec son public qui a manifesté dimanche pacifiquement».
Pour sa part, Riadh Bennour, le premier responsable de la section football a pris la parole pour éclairer le point relatif au report du match contre le CSS. «C'est bien le ministère de l'Intérieur qui a décidé le report et très vite des accusations gratuites ont été lancées contre notre club. On a prétendu que c'est l'EST qui a cherché à reporter le match dans son intérêt. Mais, dites-moi, qui a l'habitude de battre l'Espérance? Décidément, ces dernières années, ceux qui se plaignent croient qu'ils ont toujours raison. Qui a parlé du pénalty refusé à notre équipe lors du derby? Aujourd'hui, il faut raison garder. La réunion de lundi a mis en place les dates des prochaines rencontres en toute objectivité et toutes les parties étaient présentes. On est encore à la huitième journée et toutes ces querelles d'épiciers ne peuvent que nuire à notre football».
Décidément, le «joyau» du président provisoire de la République, en mal d'inspiration, va sûrement susciter de plus en plus de contestations et de réactions et pas seulement sur le plan sportif. Pour Marzouki, c'était très probablement le «shoot» de trop!