Les Equato-guinéens avaient pour eux leur public et la «complaisance» arbitrale. Les Aigles de Carthage ont manqué de concentration sur l’essentiel.
Par Marwan Chahla
La Guinée équatoriale accède donc, pour la 1èrefois de son histoire, à la demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2015) en battant le onze national 2 à 1. A la 90è+2, un coup sifflet de trop de l'arbitre mauricien Rajindraparsad Seechurn accorde un pénalty aux Equato-guinéens pour une faute inexistante, permet au Nzalang Nacional d'égaliser et prolonge le calvaire des Aigles de Carthage d'une trentaine de minutes supplémentaires.
Pour ceux qui, pendant tout le temps réglementaire, n'ont pas compris «les intentions» de M. Seechurn, ce dernier donnera la preuve évidente de sa sympathie exagérée envers le pays organisateur en sifflant, pendant la prolongation, un coup franc litigieux que Javier Balboa, auteur du but de l'égalisation équato-guinéenne, transforme magistralement en un avantage irrattrapable.
La frustration des Aigles
Depuis le début de la rencontre, les protégés de Georges Leekens – très probablement craquant sous l'effet de ce tsunami humain de 40.000 supporters équato-guinéens soutenant leur équipe nationale – perdaient très souvent leurs repères: la 1ère mi-temps du onze tunisien, où il s'est contenté de résister plutôt que de lancer des assauts contre le camp adverse, a été fade et sans inspiration, même s'il a montré plus de velléités offensives que son adversaire, brouillon et incapable d'atteindre les 18 mètres tunisiens .
La colère des joueurs tunisiens contre l'arbitre mauricien.
Le repos a sensiblement changé la physionomie du match avec, en 2e mi-temps, des Aigles plus sûrs, plus entreprenants, maîtrisant leur jeu, contrôlant pratiquement tous les compartiments et déroulant une supériorité indéniable sur les Equato-guinéens. Cette somme de qualités retrouvées s'est concrétisée avec le but d'Ahmed Akaïchi, à la 70e minute. Et les co-équipiers de Yassine Chikhaoui auraient pu doubler cet avantage par Amine Chermiti, qui a remplacé Akaïchi, et faire le break définitif, mais une mauvaise conduite de balle a permis au gardien de la lui subtiliser à quelques mètres de la cage.
C'était sans compter sur la détermination très prononcée de M. Seechurn de voir l'Eclair national accéder à la demi-finale. Il y a toutes les raisons du monde de croire que, «quelque part», on pouvait penser que la grande disponibilité de la Guinée équatoriale à abriter cette CAN-2015 devait être récompensée.
Le cadeau de Issa Hayatou
Souvenons-nous, les autorités équato-guinéennes ont accepté, en raison d'un désistement de dernière minute du Maroc, d'accueillir cette édition du tournoi africain. Pareil geste généreux des Equato-guinéens, qui a sauvé l'évènement continental, ne pouvait laisser certaines personnes insensibles.
Nous sommes tentés de dire que le président de la CAF, Issa Hayatou, et l'arbitre mauricien font partie de ces personnes... Un autre arbitre, avant M. Seechurn, a sifflé un pénalty litigieux en faveur des Equato-guinéens contre le Gabon, lors de cette même CAN, et permis au même Balboa de donner l'avantage aux Nzalang...
Une fin de match houleuse: le sentiment d'injustice des Tunisiens est immense.
Les Aigles, soumis à toutes ces pressions visibles et audibles, aux manœuvres intrigantes et silencieuses, ont peut-être cédé facilement, ont oublié l'essentiel et sont donc tombés dans le piège de la provocation. Cette perte de concentration de notre onze national lui a fait perdre son assurance qui s'est traduite, dans cette confrontation contre la Guinée équatoriale, par de très nombreuses fautes – 41 contre 12 – et cartons jaunes – 5 contre 1. Ces chiffres traduisent, par ailleurs, la propension de l'arbitre à sanctionner les Tunisiens et son laxisme vis-à-vis de leurs adversaires.
Il y a même eu le crachat d'un joueur Equato-guinéens sur le visage de Wahbi Khazri qui aurait mérité un carton rouge, mais l'arbitre et son juge de touche n'ont, bien sûr, rien vu.
Ainsi, ce sont, à n'en pas douter, ces fébrilité et nervosité qui ont été les causes principales de cette qualification ratée des protégés de Georges Leekens et permis à Rajindraparsad Seechurn d'«offrir» au pays hôte le passage à la demi-finale.
Pourtant, la veille, le sélectionneur national donnait l'impression de savoir à quoi s'en tenir. A mots à peine couverts, Leekens avait laissé entendre, dans une déclaration aux médias, qu'il pouvait craindre «quelque peu l'arbitrage de la rencontre», mais tout de suite, il se ravise – diplomatiquement – pour ajouter que, sur ce plan aussi, il demeurait malgré tout confiant...
Le coach tunisien ne semble avoir communiqué sa méfiance de l'arbitrage à ses poulains et les Aigles de Carthage et les onze millions de supporters tunisiens en paient le prix.
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