Les supporters de l’Etoile sportive du Sahel (Ess) ont élu dimanche un nouveau président du club. Hafedh Hmaied l’a remporté par 65% des voix (940) contre 509 pour son concurrent Jalel Krifa. Hmaied succède ainsi à Hamed Kammoun, dont le bail n’a pas dépassé les deux saisons.
Cette victoire est aussi surprenante que symbolique. C’est pour la première fois, depuis de décennies, que la présidence de l’Etoile sort du cercle restreint de la famille Driss.
M’hamed Driss, homme d’affaires de renom et l’un des plus grands investisseurs tunisiens dans les secteurs du tourisme et de l’industrie, a longtemps marqué de sa générosité et de son «autorité» l’histoire du club.
Il était incontestablement l’homme fort de la vie sportive de Sousse. Outre son apport financier et logistique énorme le long de plusieurs années, M’hamed Driss était au centre de toutes les décisions qui concernent son Etoile chérie. De la présidence du club, surtout, à l’encadrement technique et autres transferts de joueurs, l’avis du mécène de l’Etoile est à la fois inévitable et incontournable.
Beau-père de Othmane Jenaieh et oncle de Moez Driss, avec qui l’Ess a connu pas mal de succès dont le titre historique de la Ligue africaine des Champions en 2007, M’hamed Driss a souvent évité les feux des projecteurs. Ses apparitions publiques se limitaient aux matches de l’équipe première de football ou aux assemblées du club.
Et même le président sortant, Hamed Kammoun, est un poulain du lobby Driss à Sousse, quoique Kammoun lui-même puisse en dire.
L’héritage ne réussit plus
La présence de Houcine, fils d’Othmane Jenaieh, gendre de M. Driss, dans le bureau directeur de M. Kammoun, en est d’ailleurs un signe de l’influence exercée par ce clan. Le poste clé accordé à Houcine, responsable de l’équipe de foot, et son influence qui grandissait chaque jour, laissaient même croire qu’on le préparait à la relève et, donc, à devenir le deuxième Jenaieh à la présidence de l’Etoile.
Othmane Jenaieh
A l’instar des régimes arabes, dont tunisien, qui cherchaient à faire passer le pouvoir aux enfants de leurs «guides» mais qui étaient in-extremis «trahis» par des révolutions populaires, l’investiture de Houcine Jenaieh n’a finalement pas eu lieu.
L’évolution rapide des événements dans le sport tunisien, notamment depuis le mois de juin, et le décret-loi obligeant les clubs à élire, selon un processus transparent et démocratique, de nouveaux présidents et bureaux exécutifs, ont mené à la victoire d’une liste opposante à l’«ancien régime» de l’Etoile, si on ose ainsi le qualifier.
C’est d’ailleurs la liste concurrente, celle de Jalel Krifa, qui était considérée comme «protégée» et soutenue. Proche de ses derniers depuis toujours, malgré son différend avec Moez, Krifa était au fait «le» candidat des Driss.
Les atouts de Hafedh Hmaied
La volonté des Etoilés et leur aspiration à un renouveau de leur club et à donner la chance à des dirigeants qui n’appartiennent pas au cercle traditionnel ont finalement dit leur mot.
La campagne électorale intelligente menée par le nouveau président et sa réputation, dans la région du Sahel, pour un promoteur immobilier chevronné ont fait de lui un candidat crédible.
Reste de découvrir les rapports que M. Hmaied aura avec les mécènes et les figures historiques de l’Etoile. Même s’il a promis de «tendre la main à tous les Etoilés et à toutes les sensibilités autour du club», le clash avec ses opposants ne parait pas aussi facile à éviter que le nouveau président lui-même ne l’imagine.
Notons que Hafedh Hmaied est le 17ème président de l’histoire du club.