La Tunisie abritera du 22 au 30 octobre une course de motos. Champions et amateurs de la vieille mécanique sillonneront des routes bien tracées dans le tréfonds du pays. «Et non sur les dunes», précise-t-on. Par Zohra Abid
Les mordus de moto (et non de l’automobile) n’ont donc qu’à enfiler blouson, casque, gants, bottes et autres équipements, et à se préparer à l’aventure. Pour le plaisir de la découverte et d’être accompagnés par de vrais champions. Mais attention aux pneus. Car si ça crève, il faut casquer dans les 1.000 dinars, au moins.
Un sport d’amour et d’intérêt
«L’idée remonte à octobre 2010 et elle a eu le temps de germer. Il a fallu que je sois sur place pour préparer le Tunisia Road Rally (Trr). J’ai donc dû m’installer dès décembre en Tunisie où je me plais bien. J’étais là pendant les évènements du 14 janvier et content de voir le pays se libérer de la dictature... Je suis vraiment content pour ce peuple», a confié à Kapitalis, Patrick Bournisien, un pro de l’organisation de la course de moto en France.
C’était en marge de la conférence de presse donnée, mardi aux Berges du Lac de Tunis pour annoncer l’évènement en présence de plusieurs figures emblématiques de la course automobile, comme Chedly Zouiten, un passionné de la première heure, et Kais Chaïbi, directeur international en logistique d’évènement automobile.
Il s’agit, certes, d’une première édition mais les champions n’ont pas hésité une seconde à répondre à l’invitation, se félicite M. Bournisien. Selon lui, à part le goût de l’aventure et le plaisir des sensations fortes, la Tunisie nouvelle est aussi à découvrir. «Le Français est un peu frileux, mais il est aussi curieux de voir ce qui a changé en Tunisie», poursuit-il.
«Nous avons découvert des paysages magnifiques, des routes improbables, des vallées verdoyantes, des montagnes vertigineuses, des panoramas époustouflants, des étendues arides et d’autres moins arides, ainsi qu’une diversité aussi surprenante qu’inattendue. Et par-dessus tout cela, l’accueil qui nous a été réservé par l’administration ou les partenaires, nous a plus qu’encouragés», dit M. Bournisien.
Selon l’organisateur, ce road rally est une première dans toute l’Afrique et la Tunisie a été choisie pour maintes raisons. «A part la course et ses sensations, nous avons programmé des visites de sites archéologiques. J’y étais et je suis vraiment impressionné par les sites chargés d’histoire», a-t-il dit. «Ceci ne peut que nous faire plaisir. C’est une autre manière de promouvoir le tourisme tunisien, aujourd’hui en baisse, et pour nous c’est très important de redresser la barre. Notre pays en a tellement besoin», explique Mohamed Haykel Azak de Huiles Motul, la marque de la maison est bien présente à l'affiche.
Passion, frime et champions sur piste
80 pilotes de toute l’Europe, ainsi que des Etats Unis seront dans la course. Parmi les stars de Trr, Vincent Philippe, un Français cinq fois champion du monde, Patrick Curtat, champion de France, Fred Lejeune, pilote belge de renom. Sur la liste, se sont aussi inscrits plusieurs Tunisiens. Pour ceux qui veulent se joindre au cortège, ils n’ont qu’à visiter le site de l’événement.
«Il s’agit d’une course de rigueur, de vitesse, d’orientation et de promenade. Il y aura 2.500 km à parcourir par étape de 150 ou 300 km. Les routes empruntées seront des routes secondaires et bien tracées... Et il y aura du plaisir à partager», a lancé François Xavier Huile, président d’Evenmoto.
Bien évidemment, les motards (toutes les catégories de motos sont acceptées – des modernes multicylindriques aux classiques et anciennes en passant par les monocylindres, les scooters, les side-cars...) bénéficieront d’assurance et seront escortés par des équipes de la Patrouille sécurité rallye (Psr).
Les participants auront des kilomètres à parcourir, mais aussi droit à faire une pause à mi-chemin entre les vergers, les montagnes, les forêts du nord, du sud, d’est et d’ouest. Sur leur feuille de route: Tabarka, Douz, Maktar, Kairouan, Matmata, Kairouan, Hammamet... Et des nuitées dans des hôtels haut de gamme. Combien coûte la semaine ? «Pour s’inscrire, il faut la bagatelle de 2.500 euros. Ceci pour le motard étranger. Mais pour le Tunisien, c’est 950 euros», répond M. Bournisien. Quant au Trr, il coûte dans l'ensemble dans les 250.000 euros. Y a-t-il des sponsors ? Sans aucun doute. A l’affiche, des partenaires européens et tunisiens dont le logo de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt).
Mais où est passée la Fédération tunisienne des motards ? Absente, nous dit Samir Annabi, un amoureux fou de la moto et de son vrombissement. Chaque weekend, Samir et ses copains, tout aussi fous, font leur défilé et à chaque fois une destination. Ils auraient bien aimé que cet évènement soit tuniso-tunisien et que la participation coûte moins cher. «Surtout lorsque je pense que ma moto coûte dans les 24.000 dinars, 5 ans d’âge. Sans compter l’équipement.
Puisqu’ils parlent en euro fort, les bottes coûtent 400 euros, le blouson 500 euros, le casque dans les 250 à 300 euros, où est la fédération tunisienne pour promouvoir ce sport et promouvoir le tourisme intérieur ?», se plaint-il. «Oui, nous offrons tout. Mais quel est l’apport pour la Tunisie ? Notre fédération n’est pas aussi claire qu’on ne le pense. Sinon, elle aurait dû l’organiser et faire profiter le pays et les motards de chez nous», s’indigne un ancien de la fédération. A cela répond M. Huile que cette opération sera médiatisée en Tunisie et en Europe. «La presse européenne sera au rendez-vous avec notamment deux gros mensuels français spécialisés dans les rallyes. Sur Eurosport, il y aura, tous les soirs, un résumé. Un film de 25 minutes sur les sites archéologiques de la Tunisie sera diffusé au quotidien. «Pour la deuxième édition, on reviendra lourdement», a-t-il promis.