En ce Mondial 2010, l’unique représentant des entraîneurs africains nous vient d’Algérie. Au Maghreb, le meneur d’hommes c’est souvent un Marabout. Ceux qui suivent l’actualité sportive tunisienne en savent quelque chose. Mais le «Maraboutage» a ses limites, Ya Belhassen Ya Chedli !
Après son match héroïque contre les Anglais, voici que l’Equipe Nationale d’Algérie est érigée en exemple à suivre. C’est que le verrouillage de Rabah Saâdane a réussi, contre toute attente, à mettre à mal le légendaire flegme britannique. A croire que Rabah (le gagnant en arabe) a su brouiller les cartes, et gonfler à bloc comme par magie, son équipe, pourtant prise de court par les Slovènes. Les sorciers blancs peuvent se rhabiller. Les équipes africaines participantes ont beau parier sur la magie européenne, jusqu’ici, leur parcours fait plutôt figure de liste noir. Et en ce Mondial 2010, l’unique représentant de la race des entraîneurs africains nous vient d’Algérie.
Et au Maghreb, comme partout sur notre continent, le meneur d’hommes c’est souvent, peu ou prou, un Marabout. Un sage qui force le respect par ses visions (fussent-elles de jeu), et par la force charismatique qu’il dégage. Des qualités que l’on reconnaît chez Saâdane, mais aussi chez d’autres entraîneurs algériens. Ceux qui suivent l’actualité sportive tunisienne en savent quelque chose.
Le samedi 19 juin, la finale de la Coupe de Tunisie de Handball serait presque passée inaperçue, au milieu de la cacophonie des vuvuzelas du Mondial. Le sport roi, le football, éclipse les autres disciplines, en Tunisie, comme ailleurs en Afrique. Sauf que cette fois-ci, l’école du coaching à l’algérienne a encore marqué des points. C’est en effet un entraîneur algérien, Kamel Akkab en l’occurrence, qui a guidé la jeune équipe de l’Etoile Sportive du Sahel vers une victoire à l’arraché face à l’Espérance qui comptait déjà sur un doublé.
Et ce n’est pas vraiment une première. Un autre coach algérien, Rachid Belhout, a offert à ses poulains de l’Olympique de Béja, la Coupe de Tunisie de football. Et rarement un entraîneur fut aussi unanimement encensé par son club, que l’Algérien Ben Chikha. Le «peuple» comme il se plaisait à nommer les supporters du Club Africain, le vénérait. Des banderoles rouge et blanches, frappées de son effigie, claquaient au vent dans les virages, à chaque match des protégés de Bab Jedid. Faut-il rappeler que c’est sous la houlette du «Général» (un autre de ses surnoms) que le Club Africain a été champion de Tunisie en 2008 ?
C’est dire que les coachs algériens connaissent un certain succès en Tunisie. Une réussite due peut-être à la connaissance du joueur maghrébin, et de ses ressorts psychologiques. Le «Cheikh» Saâdane a ainsi imposé à son équipe, la veille du match contre l’Angleterre, le visionnage d’un film assez particulier : «La Bataille d’Alger». Face à la «hogra» des Anglais, le Marabout a fait appel aux mânes d’Ali La Pointe, et aux martyrs de la Révolution. Un cas unique de dopage historique. Ironie de l’histoire, le Général Bigeard, de sinistre mémoire, est mort le jour même du match. Une méthode que l’on voit mal des Roger Lemerre, et autre Marchand adopter sans rechigner. Encore moins avec des joueurs naturalisés de fraîche date pour l’occasion sportive. C’est que le «Maraboutage» a ses limites, Ya Belhassen Ya Chedli !
Malek Neili