Et si le développement du golf en Tunisie passait aussi par la réussite d’un grand événement golfique, comme le Tournoi Lacoste International Pro Am, dont la 6e saison a lieu à The Residence Golf Course les 14 et 16 octobre.
Par Samantha Ben-Rehouma
En 2003, Lacoste s’est installé en Tunisie. La marque française est représentée par Omega Distribution, une société gérée par Mehdi Trabelsi, initiateur et sponsor du Pro-Am Lacoste International.
Plus qu’une conférence de presse – tenue, samedi, au Club House du Residence Golf Course –, l’évènement, en présence de journalistes tunisiens et étrangers mais aussi de personnalités ou encore d’amoureux du golf, s'est voulu débat ouvert sur ce sport…
Le crocodile tunisien a la peau dure
Lacoste International Pro Am, ancrée dans le calendrier golfique international, est suivie par la presse nationale, internationale et par les plus grands médias spécialisés : ‘‘Fairway’’, ‘‘Driver Mag’’, ‘‘Golf Européen’’, ‘‘Golf Magazine’’, ‘‘Journal du Golf’’…
Mehdi Trabelsi et ses golfeurs de tous âges
Mehdi Trabelsi peut donc se targuer de faire perdurer l’esprit René Lacoste : volonté, intégrité, rigueur et courage. Avec plus de 14% de chiffres d’affaire sur ses 6 boutiques, celui qu’on surnomme le «crocodile tunisien» veut avant tout promouvoir le tourisme golfique tunisien : «La 6e édition du Tournoi n’a pas été chose simple à organiser. Heureusement, cela a pu se faire grâce à nos fidèles sponsors mais aussi grâce au groupe Lacoste dont la contribution est d’inviter à sa charge les célébrités comme les joueurs professionnels et les Vip. Le tournoi alignera près de 80 joueurs avec 24 équipes regroupant 24 pros (Tunisie, France, Algérie, Maroc…et même Libye !) et 72 amateurs.»
Une année pas très swing
«Le tourisme en Tunisie a enregistré cette année une baisse de -32% au niveau des entrées, de -40% au niveau des nuitées et de -37% au niveau des recettes et avant le 14 janvier», a précisé Ferid Fetni, directeur de la communication à l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) qui a tenu à remercier toutes les personnes ayant contribué à la réussite de cette édition.
Ferid Fetni, directeur de la communication à l’Ontt
2011 n’a pas été facile pour les propriétaires de golfs car avec ou sans golfeurs, l’entretien du green doit se faire. D’autre part, 99% des touristes viennent par avion, la Scandinavie (2e rang au golf après l’Allemagne) n'étant desservie que par des charters (pas prisés du tout par les golfeurs) est un vrai problème pour le tourisme «golfique» tunisien. L’open-sky sera-t-il la solution pour attirer le plus de licenciés ? Seul l’avenir nous le dira.
Le golf se popularise mais ne se démocratise pas
S’il traîne toujours dans la population une image de «loisirs de vieux», de «friqués» et de…«voiture*», le golf est un sport exigeant qui enregistre un millier de licenciés en Tunisie (dont 300 étrangers) et qui rapporte beaucoup d’argent à la Tunisie. Et même si, comme le précise Saïd Kamoun, vice-président de la Fédération tunisienne de golf (Ftg), des journées portes ouvertes (la dernière en date s’est faite par Csp) ainsi que des ateliers dans les écoles primaires et secondaires sont régulièrement organisés, le geste n’est pas inné, il s’apprend, il s’éduque longtemps et donc il coûte.
Grâce aux efforts de la fédération et d’associations comme celle tenue par Mme Hendili, présidente de l’Association sportive de golf de Djerba (Asgd), dont deux jeunes filles ont été recrutées pour l’équipe nationale, le golf devient plus accessible aux jeunes surtout défavorisés.
A ce sujet, Bernard Pascassio, de la Fondation René Lacoste, réjoui de voir l’évolution de nos jeunes golfeurs tunisiens (certains sont partis à Paris pour l’Open de France !) est un bel exemple de réussite. Fils de paysans basques, il est devenu, grâce au soutien de la famille Lacoste, un golfeur de grande notoriété doté d'un palmarès et d’une expérience incontestables.
Said Kammoun, Ferid Fetni, Mehdi Trabelsi et Bernard Pascassio
Pour ces jeunes, le problème reste la continuité après leur passage dans les structures dédiées. Si les conditions financières restent très avantageuses lorsqu'ils sont dans ces «écoles» de golf, à leur sortie, ils se trouvent confrontés à une tarification «salée» : l’équipement coûte, la pratique coûte, l’entretien des parcours et le personnel d’entretien coûtent (hormis La Soukra, près de Tunis, tous les parcours sont privés !)... Beaucoup arrêtent faute de moyens. Une vraie frustration ! Finalement, l’effort de la Ftg, des golfs, serait de réfléchir à faciliter l'accès «post-écoles» aux parcours.
Peut-être que le développement du golf en Tunisie passera aussi par la réussite d’un grand événement golfique, comme le Tournoi Lacoste International Pro Am, sur le plan sportif (champ des joueurs) et médiatique à travers une communication qui aille au-delà du simple périmètre des revues spécialisées et du site internet de la Ftc ou de l’Asgd. La démocratisation passe par là…
*Pour ce dernier : amusez-vous à faire le test autour de vous et demandez «ce que le mot golf évoque pour vous ?»