L’organisation en terre maghrébine de la plus prestigieuse des compétitions sportives internationales pourrait aider les pays de l’Union du Maghreb arabe (Uma) à panser les blessures du passé, surmonter les divisions du présent et jeter les fondements d’un avenir meilleur. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres…



Une coupe du monde de football au Maghreb? L’idée n’est pas tellement saugrenue, puisque la 10e édition de la plus prestigieuse compétition sportive au monde, que l’Afrique du Sud vient d’accueillir, aurait pu se dérouler en Tunisie et en Libye, si leur projet de candidature à deux – qui s’en rappelle encore ? – avait pu se concrétiser. Malheureusement, l’idée est morte dans l’œuf et l’organisation de la première coupe du monde en terre africaine a été confiée au pays de Nelson Mandela.

Financièrement, on le sait, accueillir et organiser le plus grand show sportif du monde n’est pas intéressant et encore moins rentable. Car c’est la Fédération internationale de football amateur (Fifa) qui s’adjuge à chaque fois la plus grosse partie des recettes. Toutefois, le pays organisateur, l’Afrique du Sud la dernière fois, y gagne quelque chose à quantifier financièrement: la diffusion ou la consolidation d’une image d’un pays qui marche et qui est capable de mener à terme de grands chantiers. Ce qui est très bon pour le mental de la population concernée et revalorisant notamment aux yeux de la communauté internationale d’une façon générale et des investisseurs en particulier.
Mais dans le cas de l’Afrique du Sud, l’expérience de la Coupe du monde de football 2010 a aussi servi à rapprocher un tant soit peu les populations noire et afrikaner.

Huit ans plus tôt, l’organisation conjointe de la Coupe du monde de football 2002 a à la fois marqué l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre l’ancien colonisateur qu’était le Japon de la première moitié du siècle dernier, et le colonisé qu’était la Corée du Sud et contribué un tant soit peu à rapprocher davantage ces deux pays.
Ce genre de ciment l’Uma en aurait grandement besoin pour panser les blessures du passé, surmonter les divisions du présent et jeter les fondements d’un avenir meilleur. Ne serait-ce que pour cela, tenter l’expérience d’une candidature pour accueillir une phase finale de la Coupe du monde de football mériterait d’être tentée non par un pays maghrébin mais par l’ensemble des membres de l’Uma.
En 2026, par exemple? Si d’ici là, c’est-à-dire en seize ans, cet ensemble régional deviendrait une entité digne de ce nom, réellement opérationnelle et efficiente, les Maghrébins y gagneront une opportunité de faire la preuve de leur union enfin scellée. A défaut, ce grand messe du football mondial leur donnera l’occasion de parfaire leur dur apprentissage de la vie à cinq.

L. M.