Ce soir, au Stade du 7-Novembre de Radès, les Tunisiens n’auront d’yeux que pour Hatem Ben Arfa, le milieu de terrain offensif franco-tunisien annoncé rentrant lors du match du Trophée des Champions qui opposera le Paris-Saint Germain (Psg) et l’Olympique de Marseille (Om).


Le joueur de 23 ans (29 matches de Ligue 1 en France en 2009/2010, 3 buts), talentueux mais imprévisible, réputé pour ses coups de gueule à répétition, pourrait quitter l’OM deux saisons après son arrivée en provenance de l’Olympique Lyonnais. Ayant du mal à gagner ses galons de titulaire dans son équipe actuelle, il pourrait en effet être transféré à Newcastle (Angleterre) ou Galatasaray (Turquie). Le Werder Brême est lui aussi sur les rangs. Le club marseillais, qui avait investi 12 millions d’euros l’été 2008 pour faire venir le Lyonnais, souhaite récupérer de l’argent pour faire venir le milieu bordelais Alou Diarra, que le coach Didier Deschamps réclame. Cependant, selon l’Afp, la réunion qui devait se tenir lundi 26 juillet entre les dirigeants marseillais et ceux de Newcastle a été reportée. Ben Arfa est donc dans le flou concernant son avenir.

Taper dans l’œil de Laurent Blanc
Privé de l’Euro 2008, puis du Mondial 2010 en Afrique du Sud par l’ex- sélectionneur des Bleus, Raymond Domenech, qui lui a préféré un autre Marseillais, le véloce attaquant de poche Valbuena, l’ancien lyonnais (7 sélections en équipe de France, 1 seul but, qui a envoyé les Bleus à l’Euro 2008) ne désespère pas de rejouer un jour sous les couleurs de la France.
En rejetant, il y a quelques années, la proposition qui lui avait été faite par les responsables du football tunisien de porter le maillot des Aigles de Carthage, Ben Arfa pensait, à juste titre, mériter une place dans l’équipe de France. Ce soir, il aura à cœur d’émerveiller le public tunisois, de taper dans l’œil de ses futurs employeurs et, surtout, de convaincre le nouveau sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, qui sera présent lui aussi dans les tribunes de Radès.
Dans un entretien au ‘‘Parisien’’ (26 juillet), le joueur franco-tunisien revient sur le passé de sa famille, parle de son père, Kamel, qui a quitté Tunis pour les fonderies de l’Aisne au début des années 1970, de sa mère qui sera présente dans les tribunes de Radès, de la Tunisie, de l’équipe de France et des médias, aussi inconstants qu’ils le lui reprochent souvent. Quelques extraits…

L’équipe de France
«Je rêve toujours autant de ce maillot, sa valeur est sans commune mesure, son importance plus forte que tout. Je suis toujours prêt à foncer en sélection pour bâtir quelque chose. Après, il est sûr que la tâche est double aujourd’hui. Il faudra être bon sur le terrain, remonter la pente sportivement. Mais aussi améliorer l’image de l’équipe de France qui en a pris un sacré coup. Cette histoire sud-africaine n’est vraiment pas jolie. On doit tenter de retrouver l’image des Bleus de 1998.»

La Tunisie
«Clairement ! Evoluer dans son pays d’origine, dans le plus beau stade de Tunisie, devant toute sa famille et ses amis, c’est pas mal, non ? C’est l’occasion de sentir à nouveau le parfum de la Tunisie. Ma mère est là-bas depuis juin, elle sera en tribunes. Elle ne vient pas souvent au stade, seulement pour les grandes occasions. C’est important de jouer devant elle.»
«Jeune, mes grands-parents étaient là-bas, mes oncles, mes cousins, toute ma famille ou presque. Elle vit dans la cité El-Hadika, dans la banlieue du Bardo à l’ouest de Tunis. J’y ai beaucoup de repères. Avant, je me déplaçais là-bas deux mois par an pendant les vacances d’été. Parfois, on partait en avion, parfois en voiture. C’est comme ça que j’ai découvert Marseille, le Vieux-Port et la Joliette, où on embarquait dans le ferry. Aujourd’hui, je retourne en Tunisie quand je peux.»
«Je la parle couramment [la langue tunisienne], et ça m’interpelle immédiatement quand je l’entends. La langue tunisienne est plus chantante et plus rapide que dans les autres pays du Maghreb. Et puis, il y a les plats locaux. Les gâteaux tunisiens restent mon péché mignon, mais ils sont terriblement gras, donc j’essaie de limiter. Et puis l’harissa, depuis que je suis tout petit, c’est la base de tout. Ado, quand je partais en déplacement, ma mère me mettait de l’harissa et de l’huile d’olive dans mes casse-croûtes, et j’étais dans de bonnes conditions!»

Les médias
«Je ne fais même pas attention à ce qui est dit et écrit dans les médias sur le mercato. Ça ne m’intéresse pas. Ceux qui balancent des pistes tous les jours sont souvent les girouettes, ceux qui te célèbrent pour tes prestations puis te descendent trois jours après.»

I. B.