Les dirigeants syndicaux de Sfax menacent d'une grève générale régionale qui toucherait les secteurs public et privé au cas où les quatre syndicalistes arrêtés et poursuivis en justice ne sont pas relâchés. Ces derniers doivent comparaître demain devant le juge.
La commission administrative régionale, relevant de l’Union régionale du travail, à Sfax, a examiné samedi, lors de sa réunion, la situation tendue qui prévaut après la suspension du sit-in observé à l’hôpital universitaire Hédi Chaker et les arrestations de représentants du syndicat de base de l’hôpital.
Quatre personnes avaient été transférées en justice, au tribunal de première instance à Sfax 2, suite aux derniers heurts survenus, le 18 juillet, entre les agents de sécurité et les sit-inneurs parmi les syndicalistes.
Ces derniers ont contesté, lors d’une tentative d’arrêter le sit-in, conformément à une décision judiciaire, publiée à cet effet, le retour à ses fonctions du directeur général de l’hôpital, Jamel Hakim. Ces heurts ont engendré des blessures dans les deux camps.
Appel à la libération de quatre syndicalistes arrêtés
Mohamed Abbes, membre du bureau exécutif de l’Urt à Sfax, a indiqué, à l’agence Tap, que les principales décisions issues de la commission administrative, présidée par le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, sont l’observation, à partir de la semaine prochaine, d’une série de grèves dans les secteurs public et privé, qui seront suivies d’une grève régionale générale dans le gouvernorat de Sfax, au cas ou les syndicalistes arrêtés ne sont pas libérés.
La même source a précisé que les premières grèves sectorielles commenceront par une grève dans le secteur de la santé, mercredi 1er août, suivie d’autres grèves sectorielles les 2, 3, 6 et 7 août, avec une moyenne de trois secteurs par jour dans le public.
Le bureau exécutif de l’union fixera les dates de la 2e série de grèves sectorielles dans le secteur privé.
La commission a appelé au retrait de la sécurité et de l’armée de l’enceinte du Centre hospitalier universitaire Hédi Chaker.
Il y a lieu de signaler que la première séance du jugement des quatre détenus transférés en justice aura lieu lundi 30 juillet.
Criminaliser l’atteinte au travail syndical
Certains agents de la santé, à l’hôpital Hédi Chaker, ont observé samedi, au siège de l’Urt de Sfax, un mouvement de protestation, concomitamment avec le démarrage des travaux de la commission administrative, et appelé à la libération des détenus et l’indépendance du travail syndical.
Sur un autre plan, les protestataires ont demandé, dans une lettre ouverte au nom des bases syndicales, à l’hôpital Hédi Chaker, à Sfax, destinée à l’opinion publique et aux membres de la commission administrative de l’Urt de Sfax, de transférer toute personne ayant commis des infractions syndicales à la commission de l’ordre.
Ils ont également demandé dans ce message de «criminaliser tous ceux qui ont porté atteinte au travail syndical pour l’utiliser à des fins personnelles, transgressant les droits et la dignité des affiliés de l’organisation syndicale au lieu de défendre avec responsabilité et courage les travailleurs, l’entreprise et la nation» selon les propos tenus dans ce message.
Les expéditeurs de cette missive ont relevé, par ailleurs, «les injustices matérielles et morales qu’ont subies les employés syndiqués parmi les membres de l’organisation, au cours des derniers mois et années, et qui sont le résultat des actions du groupe qui domine la composition du syndicat du centre hospitalier cité».
Le travail syndical et les agendas des partis
Le même communiqué précise que ce groupe a exploité le travail syndical pour servir ses intérêts matériels personnels et œuvrer au profit d’agendas partisans conduisant à des conflits entre les agents du centre hospitalier et avec la direction de l’hôpital. Une situation qui «a influé sur la qualité des services, portant atteinte aux intérêts citoyens mais aussi à la réputation de l’ensemble du personnel de l’hôpital», ajoute le communiqué.
Cette lettre évoque également en revue «une série de dossiers relatifs aux dépassements, à la corruption et au clientélisme dans lesquels ce groupe est impliqué avec la complicité de l’administration de l’hôpital d’avant la révolution».
Les «bases syndicales» précisent, dans la lettre, que «plus de 500 signatures ont été collectées exigeant dans une pétition le retrait de la confiance du bureau syndical actuel et la tenue d’un congrès extraordinaire pour l’élection d’un nouveau bureau».
A ce propos, Maher Abdelmaksoud, l’un des agents de l’hôpital menant une campagne contre le bureau syndical dirigé par Hamadi El Masrati, a déclaré à la Tap que les signatures touchent à leur fin, sachant que la tenue du congrès extraordinaire de retrait de confiance du bureau syndical nécessite la signature des deux tiers des adhérents, objectif qui sera bientôt atteint, selon ses dires.
M. Abdelmaksoud a affirmé que le contenu du message cité est véridique, ajoutant que l’union régionale a été jointe à plusieurs reprises pour la demande de la tenue d’un congrès extraordinaire.
Il a fait savoir que les signataires de la lettre sont de spécialités différentes à l’hôpital et représentent, selon ses affirmations, «la majeure partie des bases syndicales alors que le bureau syndical et les agents qui le soutiennent ne sont qu’une minorité soutenue par quelques parties de la société civile partageant les mêmes convictions».
Source: Tap.