Après 3 mois de silence, la cloche de la rentrée scolaire a sonné et les 2 millions d’élèves ont repris dans la joie le chemin des écoles et des lycées. Kapitalis a rendu visite aux enfants du ‘‘Village SOS Gammarth’’. Reportage.
Par Zohra Abid
Mercredi dernier, 3e jour de la rentrée, les élèves ont acheté pratiquement toute leur fourniture scolaire. Les cours n’ont pas réellement commencé, mais tout comme. Les enseignants ont déjà fait subir quelques exercices d’évaluation à leurs élèves.
Ecole, couscous au poulet et pas de sieste
15 heures, le soleil automnal écrase la cour du village de 3 hectares, presque vide. Quelques petits chantiers de restauration ici et là. Sur une plaque vissée sur le mur, à l’entrée de l’une des 13 maisons que compte le village, nous lisons une plaque portant le nom Tunisie Telecom. Une jeune dame nous accueille avec le sourire. «C’est la stagiaire», nous dit le directeur Slim Ben Arab pour nous la présenter.
Slim Ben Arab directeur du village depuis 5 ans.
Mohamed, Tassim et Leïla sont les cadets de la maison. Ils s’accrochent aux jupons de la stagiaire, qui dégage une grande douceur, en la suivant comme son ombre. Au salon, deux autres garçons un peu plus âgés, absorbés par les dessins animés à la télévision. Notre présence ne les a pas fait bouger du tapis.
Nous apprenons que les trois autres membres de la famille «sont encore à l’école; ils rentreront vers 17h30. Leur maman, entre-temps, est en réunion avec les autres mamans du village. Je suis en train d’apprendre un métier formidable. Après mon stage, j’aime bien être du village», raconte la jeune femme qui bénéficie d’un stage rémunéré.
La plaque annonçant le nom du parrain à la porte de la maison.
Certains enfants, n’ayant pas cours l’après-midi, sont déjà chez eux en compagnie de leur maman qui leur a préparé, selon l’un d’entre eux, «un bon plat de couscous au poulet. C’était succulent», en attendant le retour de leur frère et les deux autres sœurs pour prendre ensemble le goûter.
Ici, on ne badine pas avec l’horaire, c’est sacré. «Il fait chaud et je ne peux pas les laisser jouer dehors. Puis, ils s’occupent en faisant leurs devoirs ou en regardant la télé. Mais ils ne veulent pas fait la sieste. Ils sont très excités par la rentrée et les retrouvailles de leurs camardes».
L'appel des devoirs...
Chèques de solidarité et chaleur familiale
Mohamed, Tassim et Leïla s’agitent, de plus en plus turbulents… Ils tournent autour du directeur qui semble très aimé par les petits.
Selon lui, «cette famille est totalement prise en charge par Tunisie Telecom qui parraine 4 autres maisons. Nous comptons beaucoup sur ses dons, comme sur ceux de Shell, de l’Uib ou autres qui nous sont d’un grand soutien».
L’opérateur historique a fait don d’un chèque le jour de la rentrée scolaire au profit de l’Association tunisienne de villages d’enfants SOS après avoir livré, 3 jours auparavant, un lot de cahiers, de cartables, des stylos…
La pause télé en attendant le goûter.
Selon Slim Ben Arab, qui gère le village depuis 5 ans, à part l’entretien et l’éducation, il y a aussi (et surtout) la chaleur familiale à offrir à ces enfants. «Dans chaque maison, il y a 8 enfants et leur maman. Ces enfants sont admis sur décision du juge de la famille. Une majorité vient de l’Institut national de l’enfance, organisme qui s’occupe des enfants nés hors mariage ou abandonnés», précise le directeur. Et d’ajouter que le rôle de l’Association tunisienne des Villages d’enfants SOS, est de renforcer, notamment, «la relation avec la famille biologique ou d’origine s’il y en a», précise M. Ben Arab.
Des "mères" et des "tantes" rejoignent leurs maisons.
Les enfants de l’association sont pris en charge à long terme jusqu’à leur insertion professionnelle. «A partir de 15 ans, ils sont transférés vers des foyers de jeunes jusqu’à 20 ans avant d’aller dans des habitations encadrées et c’est la dernière phase», affirme le directeur, qui estime que sa mission s’arrête là.
Une autre vie après le Village SOS
Selon le directeur, les jeunes pensionnaires de SOS Village de Siliana, Mahres, Akouda et Gammarth profitent d’un suivi jusqu’à leur intégration dans le monde du travail.
Qui finance les 4 villages? «75% des fonds viennent de l’extérieur, c’est-à-dire de la Fédération internationale des villages SOS. Le reste, des fonds locaux par le parrainage. Vu la crise, on compte sur le parrainage individuel de un dinar par jour. Sinon 8.000 par an, et là je parle des sociétés», lance M. Ben Arab aux mécènes.
Quel est le profil de ces mères? Réponse du directeur: «Elles doivent être engagées et âgées au moins de 30 ans. Une mère c’est à long terme, on ne change pas tous les jours de mère car ceci affectera l’équilibre des petits. Elles tiennent le foyer 24 jours par mois et ont 6 jours de repos. Pendant leurs jours de repos, il y a les tantes qui les remplacent. Quant à leur salaire, elles n’ont pas à se plaindre surtout qu’elles bénéficient de tout».
Pour une petite rentrée d’argent complémentaire, la direction a su profiter de l’emplacement du Village, tout en verdure et arbres. Pour lancer un jardin d’enfants ouvert sur l’environnement et qui «permet à nos enfants de s’ouvrir sur l’environnement comme un premier pas pour leur intégration sociale», dit l’éducateur, qui ne cache pas sa fierté de diriger cet établissement, doté aussi de clubs d’animation socio-culturels, d’un terrain de sport, un autre de jeux…