Le Syndicat des internes et des résidents en médecine de Tunis affirment que ses membres poursuivront leur grève et appelle à plusieurs autres actions pour sensibiliser l'opinion à leur cause.

Ainsi, le vendredi à 10 heures, les médecins internes et résidents se rassembleront au Bardo devant l'Assemblée nationale constituante (Anc), et le samedi à 14 heures, ils manifesteront devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) à Tunis.

Voici par ailleurs le texte du communiqué publié par le syndicat à cette occasion...

«Le 13 novembre, les médecins internes et résidents sont entrés en grève pour une semaine. Cette grève nationale fait suite au non-respect par le gouvernement des accords signés le 24 juillet 2012 et relatifs à la nouvelle loi sur le service civil, privant les jeunes médecins de certains de leurs droits constitutionnels.

Nous assistons malheureusement à une campagne de désinformation de la part des autorités qui tentent de discréditer cette action. Cette grève est légale, contrairement à ce qu'a affirmé le ministre de la Santé dans plusieurs médias. Le délai d'envoi du préavis de grève a en effet été respecté.

Rappelons qu'à ce jour, 174 jeunes médecins spécialistes ont été convoqués devant les tribunaux militaires alors que le ministère de tutelle fait la sourde oreille. Ce ministère continue d'ailleurs à transmettre au ministère de la défense la liste de tous les nouveaux diplômés, sans exception aucune.

La grève des internes et des résidents ne concerne pas les services d'urgence et de réanimation. Les soins sont assurés par des équipes de garde et par les médecins hospitalo-universitaires qui ont apporté leur soutien à cette cause. Il y a d'abord eu une grève de deux jours, les 30 et 31 octobre, pour protester contre les agissements du ministère de la Santé publique, lequel a signé des accords et les a ensuite rejetés, jouant ainsi avec le destin de centaines de personnes.

Le ministre de la santé publique assène des contre-vérités et se livre à un jeu irresponsable en affirmant que les accords du 24 juillet sont respectés. Contrairement à ce qu'il déclare, les médecins ayant «la charge effective de faire vivre une ou plusieurs personnes qui se trouveraient privées de ressources suffisantes», c'est-à-dire les soutiens de famille, les pères et mères de famille, les femmes enceintes, continuent d'être appelés pour être incorporés, sans distinction de sexe.

Par ailleurs, la résolution des problèmes d'insécurité dans les hôpitaux et la mise en route de commissions sur les statuts légaux des médecins internes et résidents ont été reportés aux calendes grecques.

La présente grève des médecins internes et résidents ne vise pas une augmentation salariale. Les jeunes médecins tiennent à rappeler qu'ils ne sont pas contre le service national qui est un devoir pour tous. Cependant, il est inconcevable d'être pénalisé à cause de la longueur de ses études. Rappelons que tout citoyen poursuivant des études au-delà de 28 ans est désormais susceptible d'être privé de ses droits légitimes par la nouvelle loi 2010-17.

Les médecins internes et résidents consentent à travailler dans les régions de l'intérieur si on ne les prive pas injustement de leurs droits.

Cette grève est une révolte contre une loi et des mesures injustes qui visent un corps de métier dans son ensemble. Les jeunes médecins s'insurgent aussi contre ceux qui remettent en cause leur patriotisme. Il est facile d'user du cliché du médecin riche et à qui tout sourit, alors que les internes et les résidents en médecine multiplient les gardes dans les hôpitaux publics et travaillent même les jours fériés pour 700 à 800 dinars.

Avec plus de 13.000 médecins et 35.000 paramédicaux dans notre pays, le manque supposé de personnel soignant ne peut plus être considéré comme l'unique cause des carences de santé dans les régions de l'intérieur.

Les médecins internes et résidents défendent sincèrement le droit de tous les Tunisiens à l'égalité en matière de soins. Il est inacceptable qu'en 2012, certains de nos concitoyens se voient proposer une médecine de seconde catégorie du fait du manque d'équipement spécialisé et de l'absence d'une volonté politique réfléchie qui oserait enfin s'attaquer aux racines du problème.

Un plan global de santé doit être mis en place pour corriger les dégâts et les injustices causés par plusieurs décennies de corruption et de mauvaise gestion. Ce plan devra nécessairement s'échelonner sur plusieurs années et parer au plus urgent, sans toutefois recourir à des méthodes populistes et ne visant qu'à tromper les Tunisiens.

La médecine spécialisée constitue en effet des soins de deuxième ligne qui exigent des règles précises de prise en charge et de suivi. Les jeunes médecins spécialistes refusent donc d'être utilisés pour faire taire les voix qui s'élèvent dans ces régions et qui réclament à juste titre leur droit à une médecine de qualité.»