Plusieurs dizaines d'immigrants tunisiens se trouvent dans une situation précaire au Canada, dans l'attente de leur résidence permanente. Leurs dossiers sont perdus dans les méandres de la bureaucratie d'Ottawa.
Par Sarra Guerchani, notre correspondante à Montréal
Près de 10.000 immigrants au Canada se retrouvent en difficulté depuis la fermeture de l'ambassade canadienne à Buffalo. En effet, leur demande de résidence permanente traîne depuis plus de deux ans dans la bureaucratie. Leur dossier ont été transférés au bureau pilote d'Ottawa. Dans l'attente de leur résidence permanente, plusieurs se retrouvent dans une situation précaire. Et parmi eux des dizaines de Tunisiens.
Dans l'attente de leur résidence permanente, plusieurs se retrouvent dans une situation précaire (Ph. gabriel Mazé).
Ines Doghri est arrivée à Montréal avec son mari comme étudiante. C'était en août 2009. Elle attend depuis plus de 26 mois sa résidence permanente. Le traitement des dossiers d'immigration prennent normalement quinze mois en moyenne. Après plusieurs renouvellements de permis de séjour, elle est aujourd'hui en statut implicite, mais surtout contrainte à rester au Canada étant donné qu'elle était enceinte jusqu'à il y a quelques jours. Sans couverture médicale, elle a dû payer ses frais d'accouchement au prix coûtant. Et cette situation a également eu des conséquences sur son premier enfant d'un an et demi. «Je suis frustrée, je ne trouve pas de solution, même mon bébé qui est canadien, puisqu'il est né ici, n'est plus couvert par l'assurance médicale», s'indigne Ines Doghri. «C'est très inquiétant surtout par le froid que l'on a au Québec», poursuit-elle.
D'autres immigrants, tel Farah Bakir, ont du mal à trouver un emploi stable. «Je viens d'avoir un diplôme, mais lorsque l'on voit que mes papiers expirent en 2014, les employeurs ne veulent pas m'embaucher. Ils ne veulent pas des personnes qui ne sont pas sûres de rester. Alors je suis condamné à faire des petits boulot pour pouvoir gagner ma vie», explique cette Tunisienne qui dispose pourtant d'un permis de travail.
Les ''Oubliés...'' en action
Inquiets, depuis le mois de novembre dernier, un groupe auto-baptisé les «Oubliés de Buffalo en action» fait pression sur le gouvernement pour se sortir de leur situation. Des représentants ont obtenu une rencontre avec des membres du Centre de traitement-pilote des dossiers d'immigration à Ottawa, dans l'objectif de mettre de la pression sur le gouvernement.
Les «Oubliés de Buffalo en action» jouent également un rôle important sur le moral de ces immigrants en attente de réponse.
«J'étais heureux de savoir que je n'étais pas seul, que mon cas n'était pas isolé, mais qu'il y avait quelques 10.000 personnes dans ma situation», indique Hatem Ben Amor, qui est actuellement à Montréal avec un deuxième permis de visiteur. Un document qui ne lui permet ni de travailler ni d'étudier.
Les demandes de résidence permanente traînent depuis plus de deux ans dans la bureaucratie (Ph. Gaelle Mazé).
Les ''Oubliés...'' en action
Inquiets, depuis le mois de novembre dernier, un groupe auto-baptisé les «Oubliés de Buffalo en action» fait pression sur le gouvernement pour se sortir de leur situation. Des représentants ont obtenu une rencontre avec des membres du Centre de traitement-pilote des dossiers d'immigration à Ottawa, dans l'objectif de mettre de la pression sur le gouvernement.
Les «Oubliés de Buffalo en action» jouent également un rôle important sur le moral de ces immigrants en attente de réponse.
«J'étais heureux de savoir que je n'étais pas seul, que mon cas n'était pas isolé, mais qu'il y avait quelques 10.000 personnes dans ma situation», indique Hatem Ben Amor, qui est actuellement à Montréal avec un deuxième permis de visiteur. Un document qui ne lui permet ni de travailler ni d'étudier.
Les autorités tunisiennes au Canada interviennent
L'ambassadeur tunisien, Riadh Essid, qui a pris son poste en décembre dernier, suit de près cette affaire et travaille en collaboration avec l'ambassadeur de France, Phillipe Zeller, afin d'assurer le suivi et surtout de s'assurer que le processus pour ces «oubliés» soit bien entamé.
En effet, selon un courrier électronique envoyé le 21 février, le consul de Tunisie, Nehru El Arbi, «l'ambassade de Tunisie à Ottawa ainsi que le Consulat de Tunisie à Montréal ont entrepris des contacts avec les autorités fédérales ainsi que provinciales du Québec en vue d'obtenir une réponse concernant la situation des ''oubliés de Buffalo''».
De son côté, Riadh Essid fait preuve de bonne foi et de détermination pour aider la diaspora tunisienne dans cette affaire. «J'ai eu des échanges avec six députés fédéraux, ainsi qu'avec le secrétaire parlementaire du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, Richard Dykstra. Ce dernier vient de m'appeler pour me confirmer que les dossiers des ''Oubliés de Buffalo'' tunisiens n'étaient pas perdus», a tenu à préciser l'ambassadeur, lors d'une conversation téléphonique avec Kapitalis.
«Le ministère canadien s'est engagé à régler les dossiers d'ici la fin de l'été 2013 et donnera la priorité aux femmes enceintes et aux personnes dont leur papiers sont expirés ou sur le point d'expirer», souligne-t-il.
19 employés à temps plein traitent les demandes de visa de résident temporaire (Ph. Gaelle Mazé)
Selon un communiqué publié sur le site de l'ambassade de France à Ottawa et une confirmation de Riadh Essid, «actuellement 25% de ces dossiers les plus urgents ont été débloqués». Néamoins, celui d'Ines Doghri reste sans suite, à ce jour, malgré sa situation.
L'immigration à doubler ses effectifs
Le ministère canadien a tenu à souligner qu'en vue de «la modernisation du dispositif fédéral d'immigration, toutes les demandes de résidence permanente devraient être traité dans les douze mois pour les dossiers à venir».
En effet, selon la chargée des communications au ministère concerné, Julie Lafortune, en date du 25 janvier 2013, 138 employés à temps plein traitent des dossiers de résidence permanente au Centre de traitement des demande pilote d'Ottawa, soit 71 employés de plus qu'il y a deux mois. Ce dispositif inclut le traitement des dossiers de Buffalo et les autres nouveaux dossiers qui sont maintenant traités à Ottawa. Toujours selon cette même source, 19 employés à temps plein traitent les demandes de visa de résident temporaire.
«Le gouvernement travaille fort sur ces dossiers» (Ph. Gaelle Mazé).
De son côté, l'avocate spécialisé en immigration, Nadia Barrou, dont une centaine de ses clients fait partie des oubliés, se veut rassurante. «Je peux assurer que le gouvernement travaille fort sur ces dossiers. Ils travaillent jour et nuit même. Je reçois des messages de ce ministère au sujet des oubliés à trois heures du matin», ajoute cette avocate.
Pour faciliter le suivi des dossiers des ''Oubliés de Buffalo'', le ministère canadien de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme a mis à la disposition des concernés l'adresse courriel suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..