La juriste et universitaire a mis en garde, vendredi, contre les dangers qui menacent les acquis de la femme en Tunisie, et notamment le retour de la polygamie et des mariages «ôrfi».
Plus de 500 cas de ces mariages coutumiers, des unions scellées en dehors du cadre légal, ont été recensés en Tunisie au cours des deux dernières années, un phénomène qui s'est aggravée depuis les incidents de la Faculté des lettres de la Manouba en 2011 et 2012, ayant opposé des groupes de salafistes aux autorités universitaires.
Mme Chekir, qui intervenait, vendredi, lors d'une conférence organisée, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, par l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) à la Bibliothèque nationale, à Tunis, a axé son intervention sur la constitutionnalisation des droits de la femme.
Pour la juriste, le phénomène du mariage «ôrfi», en vogue parmi certains groupes d'extrémistes religieux qui rejettent la loi positive au profit de l'application exclusive de la chariâ, constitue une menace pour les acquis de la femme inscrits dans le Code du statut personnel. Dans une lecture critique des articles du brouillon de la nouvelle constitution, en cours d’élaboration au sein de l’Assemblée nationale constituante (Anc), Mme Chekir a affirmé que le préambule de ce texte doit prévoir la constitutionnalisation des droits humains dans leur acception universelle, globale et complémentaire, comme le stipule le dispositif onusien des droits de l'Homme.
La militante pour les droits de la femme a appelé à la nécessité d'affirmer, dans l'article 5 du brouillon de la Constitution, la notion de «citoyennes et citoyens», tout en soulignant le concept d'«égalité devant la loi et par la loi», dans la mesure où les textes de lois peuvent contenir des aspects de discrimination entre homme et femme. «Dans l'article 148 de la Constitution, il a été aussi affirmé avec force le référentiel aux constantes de l'islam, sans pour autant en définir le contenu, ce qui donne libre cours à l'interprétation», a dit Mme Fekih.
Au cours du débat, les participants ont appelé à élaborer une stratégie d'information et de communication pour faire connaître les défaillances contenues dans le brouillon de la constitution.
Un appel a aussi été adressé aux composantes de la société civile pour sensibiliser la société aux menaces que comportent certains articles concernant les acquis de la femme et les droits humains.
I. B. (avec Tap).